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grands moments de solitude 71 (tome 2)
La casquette
Miracle de la chimio : j’étais chauve comme le mont du même nom (ou comme la cantatrice d’Ionesco, au choix). Afin de cacher cette disgrâce, je portais une casquette que je ne retirais jamais en public ; j’aurais eu l’impression de me déculotter.
Michel, rôdé à mes phobies par un an de vie commune, connaissait cette pudeur excessive, si bien que ce jour-là, lorsqu’il vit une caquette à terre, devant le supermarché où je venais d’entrer, eut-il le réflexe de la ramasser.
Un cri indigné l’arrêta, ainsi qu’un bruit de piécettes dégringolant sur le bitume.
Tout confus, il reposa la chose où il l’avait trouvée.
— Excusez-moi, dit-il au SDF dont il avait failli, bien malgré lui, subtiliser la recette. Ma femme a la même, et elle y tient beaucoup. J’ai cru que c’était la sienne.
L’instant d’après, il me rejoignait, hilare, au rayon des légumes.
Quand, les courses terminées, nous sortîmes du magasin, il ne manqua pas de faire voir mon couvre-chef à sa « victime », et, pour preuve de sa bonne foi, ajouta trois euros dans la fameuse casquette.
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Commentaires
1YunetteLundi 3 Août 2015 à 09:25Comme quoi c'est contagieux, la gafferie ! ^^RépondreElle attirait les gaffes comme Nadine Morano attire les baffes. Dans le cas présent, elle est à la fois la cause et l'effet.
Toute la personnalité de Gudule était hautement contagieuse. A son contact, on se surprenait à être humain.
5YunetteMercredi 5 Août 2015 à 22:49J'aurais adoré avoir l'honneur de la rencontrer.
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