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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 65
Biographie
Avec « Les Belles Lettres », Jean Rollin a trouvé le partenaire idéal. Outre sa collection, « Les anges du bizarre », où il publie les auteurs oubliés qu’il vénère — Max Roussel, Guy de Wargny ou Anta Grey, pour ne citer qu’eux —, il y ressort l’intégralité de son œuvre dans une collection généraliste. De superbes couvertures bleues avec juste un filet plus foncé... La grande classe ! Malheureusement, ses livres ne se vendent pas. Jean romancier ne draîne pas plus les foules que Jean cinéaste. Si bien qu’un jour, le directeur, Michel D., me convoque.
— Pourrais-tu m’écrire une biographie de Rollin ? me demande-t-il. Un truc drôle, accrocheur, qui donne aux lecteurs envie de mieux connaître le personnage. Un livre promotionel, en quelque sorte...
L’idée est marrante et tombe à pic. Suite à un problème d’ascenseur, Jean, qui habite au onzième étage, est cantonné chez lui. D’autant que sa santé est plus que chancellante...
Durant presque un mois, tous les après-midi, je vais grimper dans sa tour d’ivoire et le faire parler. Il adore ça. Je prends des notes que je recopie le soir sur mon ordinateur. (Plus de 300.000 signes ; le format d’un roman !) Une matière vive truffée d’anecdotes, de réflexions, d’émotion, d’humour et d’instants de grâce.
Après avoir passé sa vie au peigne fin, je me mets au boulot. Je rédige les trois premier chapitres où je décris, sur un ton allègre et légèrement décalé, son enfance dans le giron des surréalistes. Puis je lui en envoie une copie, ainsi qu’à Michel D. Leurs réactions sont diamétralement opposées. Le directeur des Belles Lettres applaudit : c’est exactement ce qu’il voulait. Et Jean m’engueule comme du poisson pourri. Jamais il ne permettra à quiconque — fut-ce une bonne copine — d’ironiser sur sa famille. Qui suis-je pour me permettre de parler de sa mère sans y mettre les formes ? Et pour narrer avec désinvolture les événements qui l’ont construit ?
Sitôt le téléphone raccroché, j’appelle Michel D. pour lui annoncer mon désistement. Il est déjà au courant par un coup de fil de Jean et comprend parfaitement.
— Cette biographie, nous devons le convaincre de l’écrire lui-même, décrète-t-il.
Je m’y emploie, lui aussi, si bien que Jean, bon an mal an, se lance dans ce que je considère comme son chef d’œuvre : « Moteur ; coupez ! Mémoires d’un cinéaste singulier ». Un gros ouvrage référenciel, truffé de photos et jouissif en diable. Mais comme, entre-temps, il s’est fâché avec Michel D., ce livre sortira chez Rouge Profond. Il est aujourd’hui épuisé et, à ma connaissance, pas réédité. Dommage.
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Commentaires
1benpoît barvinMardi 21 Février 2012 à 08:45Répondre
Sinon, c'était truffé de photos même dans le format poche ?3guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:494NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:49
http://www.decitre.fr/livres/MoteurCoupez-Memoires-d-un-cineaste-singulier-suivi-de-l-Itineraire-marin.aspx/97828460825325guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:496NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:49
Bonne relecture :)7guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:498NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:499guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:49
Par contre, il n'a effectivement pas été réédité. Ça fonctionne sur l'ancien stock. Et la version poche (avec, à mon avis, une meilleure couverture) est introuvable.10NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:4911guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:49
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