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grands moments de solitude 6 (tome 2)
Troc
Ostende, fin des années 80. Le long du port s’alignent les étals des marchands de « friandises des mers ». Des dizaines de spécialités (rollmops, crevettes sauce piquante, surimis, sardines en saumure, croquettes de cabillaud, copeaux de saumon fumé, friture d’éperlans…), venues de Hollande, des pays scandinaves ou même du Japon, y sont proposées aux promeneurs dans des petites barquettes à consommer sur place. Avec Sylvain, on adore ça, de sorte qu’à chaque séjour chez mes parents, nous nous offrons une escapade dans ce paradis gustatif. Quoi de plus agréables que de grignoter, assis sur le quai, les pieds dans le vide, tandis que les mouettes nous rasent en criaillant, dans l’espoir d’obtenir un peu de nourriture ?
Et elles y arrivent, les bougresses ! De guerre lasse, on finit toujours par leur tendre un bout de poisson ou de crustacé qu’elles attrapent au vol, sans même ralentir. L’ennui, c’est qu’après ça, pour s’en débarrasser… !
Ce jour-là, harcelés par une demi-douzaine de volatiles opiniâtres, nous tentons vainement de protéger notre repas, au risque de se faire picorer le crâne comme dans « Les oiseaux » d’Hitchcock. Sylvain agite les bras avec des « barrez-vous, sales bêtes » tonitruants ; je postillonne tous azimuts des « pchhht ! pchhht ! » dérisoires, puis, devant l’inutilité de nos efforts, je pose ma barquette sur le sol en lançant vers le ciel :
— Bon, d’accord, servez-vous, bande de boulimiques ! Moi, je n’ai plus faim, de toute façon.
Comme si elles n’attendaient que ça, les mouettes s’abattent sur la provende offerte et l’enfournent goulument. Puis une fois la dernière bouchée avalée, la meute ailée s’envole en nous bombardant de fiente.
Donnant-donnant, quoi !
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Commentaires
1Castor tillonMercredi 18 Juin 2014 à 01:17Répondre
Il racontait ça de manière très drôle, comme toi.
Elles se sont crues Ostende de dégustation ou quoi ?? ;)
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