• grands moments de solitude 55 (tome 2)

     

                                                              Troc  

     

         Ostende, fin des années 80. Le long du port s’alignent les étals des marchands de « friandises des mers ». Des dizaines de spécialités (rollmops, crevettes sauce piquante, surimis, sardines en saumure, croquettes de cabillaud, copeaux de saumon fumé, friture d’éperlans…), venues de Hollande, des pays scandinaves ou même du Japon, y sont proposées aux promeneurs dans des petites barquettes à consommer sur place. Avec Sylvain, on adore ça, de sorte qu’à chaque séjour chez mes parents, nous nous offrons une escapade dans ce paradis gustatif. Quoi de plus agréable que de grignoter, assis sur le quai, les pieds dans le vide, tandis que les mouettes nous rasent en criaillant, dans l’espoir d’obtenir un peu de nourriture ?

        Et elles y arrivent, les bougresses ! De guerre lasse, on finit toujours par leur tendre un bout de poisson ou de crustacé qu’elles attrapent au vol, sans même ralentir. L’ennui, c’est qu’après ça, pour s’en débarrasser… !

        Ce jour-là, harcelés par une demi-douzaine de volatiles opiniâtres, nous tentons vainement de protéger notre repas, au risque de se faire picorer le crâne comme dans « Les oiseaux » d’Hitchcock. Sylvain agite les bras avec des « barrez-vous, sales bêtes » tonitruants ; je postillonne tous azimuts des « pchhht ! pchhht ! » dérisoires, puis, devant l’inutilité de nos efforts, je pose ma barquette sur le sol en lançant vers le ciel :

        — Bon, d’accord, servez-vous, bande de boulimiques ! Moi, je n’ai plus faim, de toute façon.

       Comme si elles n’attendaient que ça, les mouettes s’abattent sur la provende offerte et l’enfournent goulument. Puis une fois la dernière bouchée avalée, la meute ailée s’envole en nous bombardant de fiente.

       Donnant-donnant, quoi !

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 18 Juillet 2015 à 04:22
    Tororo

    Les grands moments de gourmandise.... ça pourrait être une autre approche des souvenirs de Gudule. Parce que si on y regarde de plus près, les GMS, il y en a pas mal qui donnent faim.

    2
    Yunette
    Samedi 18 Juillet 2015 à 09:00
    C'est beau le partage, équitable et tout ^^
    3
    Dimanche 19 Juillet 2015 à 13:48

    Oui, elles sont redoutables. Autant le go est lent, autant la mouette est chandon (ça c'est fait).

     

    Pff.

    4
    Cachou
    Samedi 25 Juillet 2015 à 23:41

    "Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau ... " Ouarf !!!

    5
    Samedi 1er Août 2015 à 14:32

    La mouette est rieuse mais aussi partageuse, Franquin ne nous avait pas tout dit !

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