• grands moments de solitude 55 (tome 2)

                                           Sur la plage, abandonnée

     

             J’avais quel âge ? Allez, quatre ans, au maximum. Nous étions en vacances à Lombardsijde, au bord de la Mer du Nord. Le soleil tapait dur sur le parasol familial. Maman tricotait, papa lisait, et moi, je transpirais à grosses gouttes en faisant des pâtés de sable.

             — M’man, j’ai trop chaud. Je peux aller me baigner ?

             Ma mère acquiesce distraitement.

             — D’accord, mais tu restes sur le bord et tu trempes juste tes pieds dans l’eau, puis tu reviens.

             Me voilà partie vers la frange grise des vagues. Nous sommes à marée basse et la plage est immense. Après avoir barboté quelques instants, je cherche mes parents des yeux et ne vois que des corps allongés, à perte de vue. Alors, je me mets à pleurer. Une grosse dame s’approche, me tend un bonbon que je repousse en trépignant ; il est sûrement empoisonné. D’autres personnes compatissantes m’entourent, me parlent, veulent m’emmener ; je hurle de plus belle. Toute cette sollicitude m’épouvante. Je me sens comme un agneau cerné par une horde de loups.

             Et soudain, qu’aperçois-je, parmi la foule hostile ?  Une fée (En fait, une blondinette d’une douzaine d’années) à qui je tends les bras. Elle m’emporte, me console ; nous retrouvons ma mère. Tout est bien qui finit bien ; sauf…

             … Sauf que je ne veux plus la quitter.

             La séparation est terrible. Je m’agrippe à elle ; elle me repousse ; je me débats. Maman tente en vain de me raisonner, papa fait les gros yeux. Bref, m’abandonnant aux mains de mes géniteurs, la fée finit par se sauver, trop contente d’être débarrassée du petit crampon beuglant qui refuse de la lâcher.

             Une heure plus tard, les sanglots me secouent toujours. Ce sera mon premier vrai chagrin d’amour, je crois.

     

     

    « Merci Véronique, merci Marc, merci Phénix !grands moments de solitude 56 (tome 2) »

  • Commentaires

    1
    Mardi 5 Août 2014 à 23:47
    Annie GH
    Sur la plage abandonnée, lala lala lalè-ère…
    2
    Mercredi 6 Août 2014 à 16:23
    Tororo
    Et c'est comme ça qu'on consacre toute une carrière d'écrivain à essayer de retrouver les fées...
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    3
    Mercredi 6 Août 2014 à 20:55
    Castor tillon
    Et c'est comme ça qu'on a les fées-salaire.
    4
    Jeudi 7 Août 2014 à 00:37
    Gudule
    qu'est-ce que tu racontes ? Elle avait pas sale air du tout, ma fée en bikini !
    5
    Vendredi 15 Août 2014 à 12:31
    Pata
    Eh, eh, oui, le problème avec les fées mer, c’est qu'elles sont fuguaces ^^
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