• grands moments de solitude 54 (tome 2)

     

                                                      Bravo, l'artiste !

     

         Nous rentrions d’un séjour familial en Belgique quand, sur une aire d’autoroute, la douane volante nous tomba dessus. Tels des prédateurs cernant une proie, deux mâles et une femelle en uniforme bleu commencèrent à tourner autour de la voiture, avant de se lancer dans une fouille en règle. Que cherchaient-ils ? Mystère. En dépit de mes protestations, tout fut passé au peigne fin : nos bagages, les provisions de route, le carton de vieilles photos récupéré dans le grenier de ma tante, et jusqu’à la réserve de croquettes du chien…

        Vint le tour du sac de Clo, une copine de ma fille qui nous accompagnait en vacances. Voyant les douaniers explorer ses affaires, elle blêmit.

        — Non… non… ne touchez pas à ça, bredouilla-t-elle quand la douanière ouvrit sa trousse de toilette.

        Dopée par son émoi (qu’elle prenait sans doute pour un aveu), cette dernière y plongea la main.

        Un frisson glacé me parcourut l’échine. Et si la trousse contenait des trucs compromettants, genre une barrette de shit ou un p’tit sachet d’herbe ? Connaissant ma Clo, ça ne m’aurait guère surprise.

       

        Je suais à grosses gouttes dans l’attente du verdict — et des inévitables problèmes qu’il risquait d’engendrer — lorsque la douanière poussa un cri strident, en secouant ses doigts englués de mousse brunâtre.

        — Qu… qu’est-ce que c’est ? ânonna-t-elle.

        — Du vomi, dit Clo. Je vous avais prévenue : fallait pas tartouiller là-dedans ! Je suis toujours malade en voiture, et comme je n’avais rien d’autre pour gerber...  

        — Tu as bien fait, m’écriai-je, soulagée. Au moins, tu n’as pas sali les sièges de la voiture. Va vite jeter ta trousse, je t’en rachèterai une autre à Paris.

        Tandis que Clo partait en quête d’une poubelle, la douanière fila vers les toilettes, suivie de près par ses collègues hilares. La voie était libre !

        L’instant d’après, nous démarrions. C’est alors que j’entendis distinctement ma fille glousser :

        — Génial, n’empêche, le coup du vomi ! Un peu gore mais super-efficace : faudra refiler le tuyau aux potes, ça leur évitera des embrouilles avec les flics.

     

        J’ai fait celle qui n’était pas là.

     

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  • Commentaires

    1
    Yunette
    Vendredi 17 Juillet 2015 à 08:45
    Mouahahaha!
    2
    Samedi 1er Août 2015 à 14:33

    Hé, hé, hé :)

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