• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 42

    La bourse ou la vie

    En 1995, je fais le grand saut. C’est-à-dire que je laisse tomber mon boulot de journaliste pour me lancer à corps perdu dans l’écriture. Mais bon, même si je lutine mon clavier du matin au soir (quand ce n’est pas du soir au matin), question finances, ça craint un peu. Alors, je m’adresse au CNL pour « solliciter de sa haute bienveillance » une p’tite subvention qui mettra du beurre dans les épinards.

      Chaque année, trois bourses sont attribuées à des écrivains : la bourse d’encouragement, pour les débutants, la bourse de création, pour les auteurs confirmés, et l’année sabatique. C’est la seconde qui m’intéresse : j’ai déjà publié quelques livres, l’écriture est ma seule source de revenus, et j’ai un enfant à charge. Le profil idéal, quoi.

     Le dossier que j’envoie aux instances ad hoc contient toutes ces informations, documents à l’appui, et s’accompagne d’une lettre qui tirerait des larmes à un CRS. Pour une raison que j’ignore, ma candidature est écartée, mais on m’invite à réitérer ma demande à la session suivante, ce que je fais sans coup férir.

    Re-refus. Alors, je prends le mors aux dents et je demande des explications. Elles me sont fournies par un courrier officiel précisant, en trois lignes, que les subventions sont accordées aux auteurs en raison des qualités littéraires de leur œuvre  et ces cinq derniers mots sont soulignés en rouge. Vlan ! prends ça dans les dents !

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 29 Janvier 2012 à 16:41
    cali rezo
    ouch ! C'est courageux de demander des explications, remarque...
    (Moi, je n'ose même pas et pourtant j'ai souvent ce genre d'occasion)
    2
    Dimanche 29 Janvier 2012 à 19:45
    miraucourt
    Il y a quelques années, j'ai aussi demandé une bourse, que je n'ai pas obtenue. Mais je ne suis pas maso: je n'ai pas demandé pourquoi!!
    J'adore ce que tu écris et si j'avais été président de cette commission, je t'aurais accordée la bourse les yeux fermés! (Oui, je sais, ça te fait une belle jambe, mais finalement, ce qui compte, c'est la reconnaissance des lecteurs, non?)
    3
    Dimanche 29 Janvier 2012 à 19:57
    Castor tillon
    Ils auraient aussi pu rajouter que tu n'avais pas assez d'enfants à charge. Si tu avais déjà publié quelques livres, c'est que ton oeuvre avait quand même quelques qualités littéraires. Nous qui te lisons, savons bien qu'ils n'ont jamais ouvert un de tes bouquins.
    Les salauds.
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    4
    Dimanche 29 Janvier 2012 à 20:38
    Castor tillon
    Ah ouais, mais si t'as mis des gros mots dans ta réponse, ça ne m'étonne pas.
    Pour le style apparemment décontracté, je comprends ce que tu veux dire. Je ne suis pas écrivain, mais il m'arrive de pondre quelques articles, et comme c'est le style que j'ai choisi...
    5
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    Odomar
    Tu me donnes une idée : un recueil de tous les refus essuyés au cours d'une vie. Remarque qu'il y en a surtout deux : les manuscrits refusés et les femmes qui se refusent...

    Ce qui risquerait d'être assez vite monotone.
    6
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    Les deux choses les plus importantes pour un écrivain, quoi ! (quoique généralement, on a BEAUCOUP plus de manuscrits refusés que de partenaires amoureux...)
    7
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    J'étais surtout poussée par la nécessité ! C'est là que je me suis dit :"Tu ne peux compter que sur toi-même, ma fille !" et bon, j'ai bossé deux fois plus...Mais j'ai eu les boules, n'empêche !
    8
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    Alors là, cent pour cent d'accord ! C'est même très exactement la seule chose qui compte. En dehors de tout contexte financier (ou même égotique), si on écrit, c'est pour partager quelque chose de très important avec les lecteurs. Ges moments de grâce communs, genre. Tout le reste n'est que billevesées et enculages de mouches.
    9
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    J'avoue que je suis restée estomaquée de leur réponse. Je n'ai pas bien compris cette agressivité. Peut-être est-elle justifiée par l'usage excessif que je faisais des gros mots, à cette époque ? ou par mes tournures de phrases un peu trop argotiques ? Que de fois j'ai dû expliquer à des enseignants qui m'en faisaient le reproche, qu'un style apparemment décontracté est bien plus difficile à gérer qu'une écriture classique !
    10
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    Oh ben non, ma réponse, elle était ultra-polie ! Du genre : je sollicite de votre haute bienveillance, tout ça. C'est dans mes romans jeunesse que je mettais des gros mots. Par la suite, je me suis calmée. Un chtit merde de temps à autre et basta. On s'assagit en vieillissant. Mais pour en revenir à la commission, jamais je leur ai dit que leur bourse de chiotte, ils pouvaient se la foutre où je pense, et bien profond sans vaseline. Non, je le jure ! J'ai jamais écrit ça - mais j'aurais peut-être dû, après tout...
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