• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 41

    Valeur sûre

       Du classique ? Allez, de l’ultra-classique, il ne faut jamais bouder son plaisir. Mais je vous préviens, ce gag, vous l’avez vu cent fois (à défaut, peut-être, de l’avoir vécu).

             En 1983, je tombe folle amoureuse d’un très beau jeune homme, de douze ans mon cadet. Il se nomme Sylvain, est blond comme un ange et régisseur au théâtre de Dix Heures, à Pigalle. Ô miracle, cet être d’exception semble apprécier ma compagnie. Comme j’anime chaque semaine (et lui aussi, mais pas dans les mêmes tranches horaires) une émission sur radio Libertaire, il se pointe toujours au studio quand j’y suis. On repart ensemble, on va boire des coups. on discute, j’ai le cœur qui bat — d’autant qu’avec Alex, après dix-sept ans de bons et loyaux services, rien ne va plus. 

             Evidemment, je m’emballe, mettez-vous à ma place ! Je ne pense plus qu’à ça (et, sans entrer dans les détails, je vous laisse imaginer tout ce que recouvre ce « ça »). Néanmoins, notre relation ne franchit pas les limites de la bonne camaraderie. Tout est dans le non-dit...

             Et puis un jour, Sylvain me déclare tout à trac :

             — J’ai besoin d’un conseil avisé.

             — Ah ? réponds-je, intéressée.

             — Que ferais-tu si une nana, à qui tu envoies des signes depuis des mois, feignait de les ignorer ?

             — Des signes de quoi ? me fais-je préciser, au bord de la syncope.

             Il lève les yeux au ciel.

             — Tu m’as très bien compris. Elle me plaît, quoi !

             Alors moi, en extase :

             — Tu la prends dans tes bras, tiens ! Qu’est-ce que tu attends ?

             Et lui, hochant la tête avec circonspection.

             — Tu as raison, en principe... Mais telle que je la connais, Pascale serait bien capable de me retourner une gifle.

             Quand je vous disais que c’était un grand classique !

      Ce qui l’est peut-être moins, c’est que ça fait vingt-huit ans qu’on vit ensemble, Sylvain et moi. 

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  • Commentaires

    1
    Samedi 28 Janvier 2012 à 17:47
    Castor tillon
    Les gags classiques, ils sont classiques justement parce qu'on ne s'en lasse pas. Tu as été très soft, sur ce coup-là, tu ne lui a pas dit : "Tu me prends dans tes bras" !
    J'adore les histoires à chutes, et j'adore la chute !
    2
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    Hi hi, les meilleurs chutes sont les chutes vraies, en plus !
    3
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    Odomar
    Bon sang, 28 ans ! Je ne suis jamais arrivé jusque là, personnellement, je n'ai jamais dépassé 26.
    4
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    Et c'est pas fini !
    5
    Mélanie
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    Mélanie
    Je suis totalement admirative. (et pour ta façon de prendre les devant, et pour les 28 ans (pas finis) et pour ta savoureuse narration (que j'apprécie déjà dans tes livres) !
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    6
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:49
    gudule
    Oh, ben c'est drôlement gentil ! Et encourageant, tiens ! (pour les 28 ans, la narration, et le reste !)
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