• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 36

    Je ne veux pas mourir avec une culotte sale

     Ne vous y trompez pas : ce n’est pas le titre de l’anecdote qui suit, mais bien celui d’un de
    mes livres. Ou, du moins, ça aurait dû l’être...

                      Il y a une bonne dizaine d’années, j’avais, donc, écrit un roman fantastique intitulé : « Je ne veux pas mourir avec une culotte sale » (c’était, en fait, la première phrase du premier chapitre). Ce roman atterrit chez un petit éditeur, disparu depuis : Vert sceau. Le livre est programmé pour la rentrée littéraire, la couverture qu’on me propose me plaît beaucoup, la typo également, bref, tout baigne.

                      Or, les locaux de Vert sceau sont exigüs. Ils ne se composent que de deux bureaux : celui du patron, minuscule, et un grand où se trouve l’odinateur de la maquettiste (qui est également secrétaire, correctrice et attachée de presse). C’est là qu’on reçoit les visiteurs. La fabrication des livres se fait donc, si je puis dire, au grand jour.

                      Quelques semaines avant la sortie du roman, je reçois un e-mail d’un ami libraire qui depuis des années suit mon travail de près (et est donc au courant de mes futures parutions).

                      — Sais-tu, me dit-il, qu’une nouvelle portant ton titre vient de sortir dans « Pôle Art » (un zine de polardeux NDLA) sous la signature d’un certain Mick Laroche ?

                      J’en réfère illico au directeur de Vert sceau qui me dit connaître cette personne (il s’agit d’une auteure et non d’un auteur, comme son nom le laissait supposer).

                      — C’est une amie de ma secrétaire. Elle a dû voir ce titre sur les projets de couverture qui traînent dans son bureau... Ce n’est pas la première fois qu’elle nous pique des idées.

                      Cette affaire fait un certain bruit dans le petit milieu de l’édition parallèle. Le directeur de Pôle Art accepte de signaler dans le numéro suivant (à paraître en décembre) que ce titre a été « emprunté » aux éditions Vert sceau, et la coupable se fait remonter les bretelles. Ce qui ne l’empêche pas de m’envoyer, dans les jours qui suivent, un e-mail disant en substance : « Je suis la première à avoir utilisé ce titre, il est donc à moi ». Et comme je proteste, elle rétorque : « L’avez-vous déposé ? Non ? Alors tant pis pour vous », avant de conclure, avec une fort jolie mauvaise-foi : « Nous avons eu la même idée, c’est une simple coïncidence. Mais comme ma nouvelle est sortie avant votre livre, ce sera vous la plagiaire et non l’inverse. Et je peux même vous poursuivre en Justice, dates à l’appui ! »

                      Mon roman n’est pas paru chez Vert sceau, qui a déposé le bilan peu après. Il est resté dans le ventre de mon Mac jusqu’à ce que les éditions Bragelonne, des années plus tard, l’incluent dans mon recueil Les filles mortes se ramassent au scalpel, sous le titre «  Les Transfuges de l’enfer », mieux adapté à la teneur de l’intrigue que son titre d’origine. Le temps des culottes sales était bel et bien révolu... 


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  • Commentaires

    1
    Lundi 23 Janvier 2012 à 13:27
    benoit barvin
    Foin de "inclus", qui n'est que du pipi de chat pour grammairien redondant (pardon Tagada, vous n'êtes pas véritablement visé) et penchons-nous sur cet épisode, éclairant les avanies subies par les auteurs, via les charlatans qui errent, solitaires ou en meutes, dans les Maisons d'Edition, prêts à béqueter la cervelle des malheureux n'écrivains. Bel exemple, chère Soeur, de la médiocrité humaine et du "c'est celui qui le dit qui l'est"...
    2
    Lundi 23 Janvier 2012 à 14:22
    Castor tillon
    Un clue, l'autre visse... Je préfère les histoires de culottes.
    Ta phrase n'est même pas au début de la nouvelle, didonc. On s'en fout, elle est trop bien, cette histoire. Et si on rencontre ce titre ailleurs, on saura d'où il vient.
    Pour moi, la première phrase qui apparaît quand j'ouvre ton livre (offert par ma fille), c'est celle-là :
    http://nsm07.casimages.com/img/2012/01/23/1201230224051432899336646.jpg
    3
    Lundi 23 Janvier 2012 à 18:14
    cali rezo
    La mauvaise foi se porte bien chez les indélicats... Mais si ça se transforme en souvenirs racontés, c'est déjà ça (:
    4
    Lundi 23 Janvier 2012 à 18:39
    cali rezo
    Très zen comme pensée, j'aimerais me détacher des imbéciles comme ça (:
    5
    tagada
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    tagada
    "l'inclusent" => l'aient inclu? ou l'incluent
    6
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Participe


    Présent
    incluant

    Passé
    masc.sg.: inclus
    masc.pl.: inclus
    fém.sg.: incluse
    fém.pl.: incluses
    7
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Ciel, mais vous avez ma foi raison. J'aurais dû dire "qu'ils l'inclussent" avec deux "s"ou "l'incluent", tout simplement. Autant pour moi (ou "au temps", selon qu'on adopte le terme militaire ou traditionnel, mais c'est un autre débat).
    8
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Voilà, la faute est corrigée. Merci, Tagada !
    9
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Ah, cher Benoït ! Des histoires d'éditeurs, j'en ai un gros paquet ! Tiens, rien que pour toi, demain, j'en raconterai une autre. "L'ogresse", elle s'intitule. Et en tant qu'écrivain, tu y seras sensible, j'en suis convaincue !
    10
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Wahou, c'est trop gentil ! Je viens d'aller voir la dédicace... Fais-y une grosse bise pour moi, à ta fifille !
    En plus, t'as raison, c'est pas exactement la première phrase, mais j'ai pas le texte en mémoire, donc je sais pas exactement la quantième c'est. En tout cas, ça débute comme ça, quoi... Quand je dis "la première", c'est pour faire style !
    11
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Bah, il vaut toujours mieux en rire, non ? Les choses n'ont que l'importance qu'on leur donne !
    12
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    En confidence, c'est ce que m'a dit un de mes premiers amoureux le jour où il m'a quittée...
    13
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    Odomar
    Puisqu'on traite ici de langue française, je me permets de protester une fois de plus contre l'horrible "auteure", ce barbarisme pseudo-féministe que rien ne saurait justifier.
    Dis autrice si tu veux, dis même auteuse : ce sera tout autant ridicule mais plus proche du français.

    Et toc ! Comme on est toujours d'accord sur tout, ça nous fait enfin une pomme de discorde.
    14
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Je suis parfaitement d'accord avec toi : autrice serait nettement mieux. malheureusement, dans le dictionnaire, il ont retenue "auteure" et "autrice" n'existe pas. Et, une fois de plus, ce que je revendique n'est pas du féminisme mais de la syntaxe. Une langue où le féminin des noms de profession existe et n'est pas employé pour d'obscures raisons, est sans cesse bafouée dans sa logique même. Et toc, j'ai dit. désigner une femme
    15
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Oups ! Ils ont "retenu", évidemment. Pas "retenue" ! Ma parole, je mets des féminins où il n'en faut pas. Voilà qui va, bien sûr, verser de l'eau à ton moulin. Notre inconscient nous joue de ces tours, parfois !
    16
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    Odomar
    Le dictionnaire ? QUEL dictionnaire ? L'infâme Petit Larousse?
    Bon, le débat serait interminable, il procède chez nos amies féministes d'une confusion entre sexe et genre. Moi, je fais de la résistance contre ça. Et si on me cherche, j'exigerai qu'un grand acteur soit appelé un vedet (et non une vedette) et qu'une souris mâle soit désormais un souris. (Démonstration par l'absurde !).
    17
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:50
    gudule
    Allons, tu sais bien que c'est un débat sans fin... Je préfère le clore avec ce joli mot de Christiane Rochefort qui, lorsqu'on lui demandait sa profession, répondait : "Ecrevisse". Et moi... non, pas femme de lettres, ça fait Sévigné. Bon, allez, disons romancière et qu'on n'en parle plus.
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