-
GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 33
Putain d’internet !
A l’occasion de la sortie de mon livre Mordre le ciel, les éditions Flammarion avaient organisé, à la FNAC de Toulouse, un débat sur le tabou dans le roman pour la jeunesse. Y étaient conviés deux auteures (dont moi), un enseignant, une éditrice, un pédopsychiatre et un philosophe. En tout, une demi-douzaine d’intervenants, spécialisés à divers titres dans l’élevage de nos chères têtes blondes.
Afin de préparer dignement l’événement, le modérateur prend contact avec les invités, et les met en relation les uns avec les autres. Dans la liste, il y a, chouette alors, une de mes bonnes copines.
Tout le monde y va de sa petite présentation en quelques lignes, et arrive le tour du philosophe qui nous sort une tartine de deux pages d’une effroyable pédanterie, et totalement incompréhensible.
« C’est quoi, ce zozo ? » me dis-je en moi-même.
Et j’envoie aussi sec un e-mail à ma copine, libellé comme suit :
T’as compris quelque chose à ce charabia, toi ? En plus, il faudrait expliquer à ce monsieur qui ne manque pas de prétention
que sa profession n'est pas « emprunte » de dogmatisme, mais « empreinte » ! Bisous. G.
Manque de bol, par je ne sais quel mystère informatique (je suis d’une incommensurable gourderie dans ce domaine, entre autres), mon mail confidentiel arrive chez tous les invités, y compris le monsieur en question, qui me répond aussi sec — et avec beaucoup d’humour, je trouve :
Chouette, le débat commence ! Les humbles contre les prétentieux, les bons élèves contre les barbares, les bisouteurs contre les charabiateurs... Je sens qu’on va bien s’amuser, à Toulouse !
J’ai failli avaler mon dentier et me suis, bien entendu, confondue en excuses — que le monsieur a prises d’assez haut, quoique toujours sur le ton de la plaisanterie :
C'est intéressant cette idée de s'excuser d'avoir été honnête, même malgré soi. Personnellement, je suis ravi de ces propos, tout à fait éclairants et bien dans le sujet. Si cela ne vous dérange pas, je m'en servirai pour illustrer mon propos à la conférence.
« Hou là là, ça va être ma fête », me suis-je dit, atterrée.
Je ne me trompais pas : ça l’a été, et plus encore que je ne l’imaginais. Un massacre souriant, une lapidation à coups de bons mots-qui-tuent, un festival de sarcasmes et de perfidies. Ils sont forts, bordel, ces « amis de la sagesse ». Surtout celui-là, qui a tenu le crachoir pendant tout le débat.
Faut dire, je ne l’avais pas volé. Ne pas savoir se servir correctement d’internet, à mon âge !
-
Commentaires
4guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:505vero lVendredi 29 Août 2014 à 13:506guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:507guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:508guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:509OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:5010guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:50
Ajouter un commentaire
Étant baignée au quotidien la dedans, je rencontre souvent cette erreur classique de confusion entre "Répondre à tous" et "Répondre" qui est pourtant pas un terme technique. Ça me méduse à chaque fois ^^
Le bon côté c'est que le débat a été piquant non ?