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grands moments de solitude 25 (tome 2)
Retour à la nature
Courant soixante-dix, nous décidons, Alex et moi, de tourner le dos à la civilisation. Foin du confort débilitant, il est grand temps de retrouver les « vraies valeurs » ! Avec l’aide de mes parents, nous achetons, en bordure du village de Launoy, près de Soisson, une fermette à retaper. L’endroit est idyllique (je l’ai longuement décrit dans J’irai dormir au fond du puits ), il y a l’électricité, l’eau à la pompe, le feu dans la cheminée et un grand potager. Que souhaiter de plus pour élever notre nichée — qui ne se compose encore que de Frédéric et Olivier, onze et huit ans ?
On s’arme d’une marteau, d’une truelle, de beaucoup de courage, et on dit aux garçons : « Allez courir les champs, ça vaut mieux que la télé ». Ce qu’ils s’empressent de faire, de peur, sans doute, de devoir donner un coup de main.
C’est l’été, le temps est superbe, les travaux progressent lentement mais sûrement. Nos sauvageons ne réapparaissent qu’aux heures des repas ; ils sont affamés, tout bruns, en pleine forme. Rien à voir avec les gamins faméliques de la ville !
— On a découvert un trésor, nous annoncent-ils un jour.
Avec des mines de conspirateurs, ils nous emmènent visiter leur planque : un petit poulailler en ruine, accolé au flanc de la maison. Et là, qu’apercevons-nous, parmi les herbes folles et la fiente séchée ?
Un obus.
Un vrai. Un peu rouillé, certes, mais entier.
Entier ?
Ni une ni deux, Alex chope un gamin, moi l’autre, et nous détalons hors de portée d’une éventuelle explosion— c’est-à-dire à une bonne centaine de mètres.
— Où l’avez-vous trouvé ? s’informe mon mari d’une voix cassée par l’émotion.
— Dans la carrière, répond Frédéric. Les enfants d’ici font la collection. Ils disent que ça date de la guerre de 14.
— Tu crois que cet engin peut encore péter ? demandai-je, en proie à un flip monstrueux.
Alex m’assure que oui : ce genre d’accident arrive régulièrement.
— Allez, tous en voiture, ajoute-t-il. On file à la gendarmerie !
Nous y avons passé l’après-midi. Frédéric et Olivier, interrogés par les gendarmes, n’en menaient pas large. Finalement, un spécialiste du déminage s’est rendu sur place, et a embarqué l’obus (qui était inoffensif), de sorte qu’en fin de journée, nous avons pu rentrer chez nous.
Nos fils, impressionnés par tout ce branle-bas, nous ont juré de ne plus jamais toucher aux « bombes ». Je ne sais pas s’ils ont tenu parole, mais en tout cas, ils sont toujours là !
Courant soixante-dix, nous décidons, Alex et moi, de tourner le dos à la civilisation. Foin du confort débilitant, il est grand temps de retrouver les « vraies valeurs » ! Avec l’aide de mes parents, nous achetons, en bordure du village de Launoy, près de Soisson, une fermette à retaper. L’endroit est idyllique (je l’ai longuement décrit dans J’irai dormir au fond du puits ), il y a l’électricité, l’eau à la pompe, le feu dans la cheminée et un grand potager. Que souhaiter de plus pour élever notre nichée — qui ne se compose encore que de Frédéric et Olivier, onze et huit ans ?
On s’arme d’une marteau, d’une truelle, de beaucoup de courage, et on dit aux garçons : « Allez courir les champs, ça vaut mieux que la télé ». Ce qu’ils s’empressent de faire, de peur, sans doute, de devoir donner un coup de main.
C’est l’été, le temps est superbe, les travaux progressent lentement mais sûrement. Nos sauvageons ne réapparaissent qu’aux heures des repas ; ils sont affamés, tout bruns, en pleine forme. Rien à voir avec les gamins faméliques de la ville !
— On a découvert un trésor, nous annoncent-ils un jour.
Avec des mines de conspirateurs, ils nous emmènent visiter leur planque : un petit poulailler en ruine, accolé au flanc de la maison. Et là, qu’apercevons-nous, parmi les herbes folles et la fiente séchée ?
Un obus.
Un vrai. Un peu rouillé, certes, mais entier.
Entier ?
Ni une ni deux, Alex chope un gamin, moi l’autre, et nous détalons hors de portée d’une éventuelle explosion— c’est-à-dire à une bonne centaine de mètres.
— Où l’avez-vous trouvé ? s’informe mon mari d’une voix cassée par l’émotion.
— Dans la carrière, répond Frédéric. Les enfants d’ici font la collection. Ils disent que ça date de la guerre de 14.
— Tu crois que cet engin peut encore péter ? demandai-je, en proie à un flip monstrueux.
Alex m’assure que oui : ce genre d’accident arrive régulièrement.
— Allez, tous en voiture, ajoute-t-il. On file à la gendarmerie !
Nous y avons passé l’après-midi. Frédéric et Olivier, interrogés par les gendarmes, n’en menaient pas large. Finalement, un spécialiste du déminage s’est rendu sur place, et a embarqué l’obus (qui était inoffensif), de sorte qu’en fin de journée, nous avons pu rentrer chez nous.
Nos fils, impressionnés par tout ce branle-bas, nous ont juré de ne plus jamais toucher aux « bombes ». Je ne sais pas s’ils ont tenu parole, mais en tout cas, ils sont toujours là !
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Commentaires
2Pierre-Yves DelarueMardi 13 Janvier 2015 à 12:18@Pierre-Yves : un canon, plutôt ! merci pour le compliment ! toi qui es l'époux d'une poupée de porcelaine !
5CatherineMercredi 14 Janvier 2015 à 00:22C'est passe queue, quand la Gudulette a mis son texte en ligne, elle a éternué en appuyant sur le bouton "Entrée".
8CatherineJeudi 15 Janvier 2015 à 00:0810CatherineJeudi 15 Janvier 2015 à 14:34Alors là! C'est pas cool!! Je suis une petite coquine très méritante en dépit des apparences... (Quelles apparences?? Tu le sauras si t'es sage...)
Bon, qui veut des chatouilles ? Gudule, laisse Coqui... je veux dire Catherine sexprimer, enfin.
13CatherineVendredi 16 Janvier 2015 à 23:09En parlant de coquine, est-ce que tu aurais gardé des exemplaires remarquâbles de LM ou LdF, comme ceux, par exemple, où "j'exprime" à fond les gamelles !!!!
Ça me ferait bien rigoler !!!
Tu sais, les femmes qui viennent de divorcer... faut pas leur en promettre, gaffe Castor !
15CatherineSamedi 17 Janvier 2015 à 01:53C'est en cours... 27 ans de mariage! Putain de dieu, t'y crois toi??
Je ne peux pas dire "j'en reviens pas!" puisque justement, j'en reviens....
houuuu ! on ne me la fait pas à moi ! Dix-sept ans avec mon mari avant notre séparation, et trente avec Sylvain avant son grand départ pour l'anarchie céleste. Qui dit mieux?
Quant à l'ange qui aujourd'hui me serre entre ses ailes, ça fait genre deux ans qu'il a atterri dans ma vie !
150. Prince des caresses (bis)
Rien ne ressemble plus au bonheur qu’un couple joyeux et libre
Je me disais : « Il va fuir. Aucun homme normal ne s’encombre d’une malade juste parce qu’il a couché une fois avec. Faut pas rêver, ma grande ! Ce genre de truc n’arrive que dans les contes de fées. »
Il n’a pas fui. Quand je lui ai demandé de partir, il est resté ; il s’est même installé dans ma chambre d’hôpital.
Je me disais : « Tu vas te dégrader, perdre tes cheveux, enfler, devenir dépendante. Comment assumerait-il, à moins d’être un surhomme ? » Il a assumé, à coups de « je t’aime » et de mots d’amour. Il m’a pris mon fardeau, l’a porté à ma place, m’a fait rire, vibrer, m’a préparé de bons petits plats, joué des airs de guitare, montré de jolis films, fait miroiter des clairs de lune et rassurée jour après jour.Je me disais : « S’il s’en va, il ne te reste qu’à mourir ».
Je suis toujours vivante.
Et il est toujours là.
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Ma Gudule, ma Gudule, tu parles en double, tu parles en double...