• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 231

    Question existentielle

             Je devais avoir huit ou neuf ans quand une grave question me préoccupa : qu’est-ce qu’il valait mieux, la richesse ou l’amour ? 

             Jusque là, tout était limpide. L’amour, dans les contes de fées, est la valeur suprême ; c’était donc la mienne, par voie de conséquence. Or, dans une BD dont je raffolais (l’adaptation, en sépia et blanc, de contes persans du plus pur style hollywoodien), la belle Aïcha se trouvait face à un dilemme. Un émir et un bandit de grands chemins se disputaient ses faveurs. L’émir était moche mais lui offrait tout ce dont elle pouvait rêver : palais, bijoux, esclaves, jardins débordant des fleurs les plus rares, écuries remplies de purs-sangs fougueux. Le bandit, en revanche, faisait battre son cœur...

             Qui aurais-je élu, moi, à la place d’Aïcha ? Le barbon bourré aux as ou le séduisant gredin ? Impossible de me décider : tantôt je penchais pour l’un, tantôt je penchais pour l’autre. Après mûre réflexion, je demandai conseil à ma cousine Francette, de sept ans mon aînée.

             — L’émir, répondit-elle sans hésiter.

             Et de développer, avec force arguments, les raisons de son choix. Une existence dorée était, selon elle, mille fois préférable à une vie de misère, fut-ce dans les bras d’un beau brigand.

             — L’amour passe, le fric reste, conclut-elle. Et puis, tu imagines ? Tes enfants seront des princes, pas des va-nu-pieds !

             J’avoue avoir été bluffée par son bon sens. C’était quelqu’un, ma cousine !

             — Bon, d’accord, je vais épouser l’émir, finis-je par admettre. Mais je le regretterai peut-être...

             — Ça m’étonnerait ! Tu sais, quand on a goûté au luxe, on ne peut plus s’en passer. 

             Elle se trompait. Sitôt mariée, je m’enfuis du palais pour suivre le bandit. Sous mes dehors planplans, faut croire que j’étais une aventurière. En imagination, du moins... 

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 4 Novembre 2012 à 19:25
    Benoît Barvin
    Pas que... La preuve...
    2
    Mercredi 7 Novembre 2012 à 02:46
    castor tillon
    C'est parce qu'il voit une jolie femme que l'émir adore, hu hu. Heum, bon.
    Et pourquoi pas un mec pas trop moche, avec un salaire décent ? Qu'est-ce qu'ils sont compliqués, dans les histoires romantiques.
    3
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    gudule
    Bof...
    4
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Nadege
    Je soutiens Benoit.

    Et vos aventures au Liban ? Et l'histoire en Amérique du Sud ? Et etc ?
    5
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    gudule
    Oui mais bon, en vrai, je suis très casanière. Et s'il m'arrive un tas de trucs, c'est à mon corps défendant. Je dois avoir un ange gardien très farceur ou très maladroit. Ou alors, il me déteste...
    6
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    gudule
    Castor, tu as perdu ta fraîcheur de jeune fille !
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