• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 219

    Esprit critique

             Été 2012, vide-grenier de Lisle-sur-Tarn. Je m’arrête devant un stand tenu par un gamin. Un de mes livres trône au milieu des Légos, jeux vidéos et autres bricoles.

             — Combien ? m’informai-je, en le montrant du doigt.

             — Un euro.

             Je le prends, le feuillette, comme n’importe quel client lambda.

             — Il a l’air bien... Tu l’as aimé ?

             — Non.

             — Pourquoi ?

             — C’est nul.

             Je repose le livre avec un « ah, bon » fataliste, et me fonds dans la foule. Une chance que le gamin ne m’ait pas reconnue :  nous avons évité de justesse un double moment de solitude !

    « Ah, tiens, encore une autre...ZOÉ BORBORYGME »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 11 Octobre 2012 à 08:40
    Benoît Barvin
    Désolée, Gudule, mais je suis rassuré de voir que je ne suis pas le seul à qui on a dit ce mot si doux, si empreint de nostalgie, si poétique, en un sens: "nul". Nul qui se conjugue aussi avec "sans intérêt", "mal écrit", "débutant", "indigent", "j'ai pas pu le finir" (là, c'est le pompon), etc. Et tous ces vocables émis avec un aplomb qui m'a toujours laissé perplexe sur l'amour que se portent, entre-eux, les êtes dits humains...
    2
    Jeudi 11 Octobre 2012 à 17:40
    Castor tillon
    Ce gamin ferait un bon éditeur, mais un piètre vendeur.On évite de casser la marchandise qu'on vend.
    Ceci dit, je suis d'accord avec Nadège : la lecture n'a pas l'air d'être son truc, et on le lui a peut-être imposé. Et puis si on lui avait demandé son avis sur ses anciens jouets, il aurait probablement dit qu'ils étaient nuls.
    Quand j'étais jeune (trop), j'avais piqué pour les lire des San-Antonio à mon père. Il me les avait gentiment repris (tu les liras un peu plus tard), et remplacés par des compils du Saint, de Leslie Charteris. J'avais la rage, et quand mon père était là, je les lisais en les tenant ostensiblement à l'envers, pour bien lui montrer en quelle estime je tenais sa littérature.
    En fait, J'ADORAIS les aventures de Simon Templar.
    3
    Crayon d'bois
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Crayon d'bois
    Un éditeur en germe ?
    4
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Gudule
    @ Crayon d'bois : c'est exactement ce que je me suis dit. J'ai même failli terminer l'histoire par cette pensée : "Il ferait un excellent éditeur". Mais bon, c'était pas gentil pour lui...
    @ Benoît : un mot atroce, hein ! Qu'on vous envoie toujours en pleine figure comme s'il était anodin. C'est peut-être ça, l'enfer, après tout. Un gigantesque NUL dans lequel on s'engloutit pour l'éternité.
    5
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Nadege
    *Enfile la blouse de Freud*

    Vous n'avez pas compris chère Gudule. Il s'agit en fait d'un report sur un objet anodin de sa mésestime de soi. Mésestime due à une morsure de vip... A sa mère, bien entendu. Il parlait donc de lui-même :P
    6
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Gudule
    Vous dites ça pour me consoler...
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    7
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Nadege
    Même pas. Je pense que pour dire "c'est nul", il n'a pas du dépasser la première page...

    Je n'aime pas toutes vos histoires au même niveau, mais je n'ai pas encore trouvée une qui soit nulle et des livres vraiment nuls (enfin pour moi) j'en ai lu...
    8
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Gudule
    Votre opinion rejoint celle de Benoît qui a, lui aussi, eu à souffrir de cette condamnation péremptoire, sans appel, et dénuée de nuances.
    Parce que, quel que soit l'intérêt (ou le non intérêt) que présente un livre pour la personne qui le lit, on ne peut le dénier en bloc. A moins de détester la personne qui l'a écrit...
    9
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Nadege
    Objection, vôtre Honneur !

    Vous oubliez le cas hélas trop répandu des enfants à qui personne n'a inculqué le goût de la lecture ;)
    10
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Gudule
    @ Castor : Hou ! L'affreux provocateur ! Mais finalement, tu faisais preuve, à ton insu, d'un goût très sûr : Frédéric Dard est un gigantesque écrivain, un magicien de la langue. Mais ce sont des choses qu'un enfant n'aurait pas pu apprécier
    @ Nadège : bah, mieux vaut éviter de se poser trop de question, et invoquer le choc des cultures. Ou le fossé des générations...
    11
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Gudule
    Ben, comme toujours, "La Bibliothécaire". Il l'avait sans doute étudié en classe... (Ce qui expliquerait sa réflexion, remarque).
    12
    Violetta
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Violetta
    Quel sacrilège ignoble que d'oser proférer ça... OK, tes oeuvres ne sont pas toutes "excellentes" chère Gudule (waouh, je fais preuve d'objectivité pour une fois, ça a été dur !), mais je n'en ai encore jamais déniché une de "nulle" depuis que j'ai commencé à te lire (c'est-à-dire vers 7-8 ans), et je ne pense pas que ça m'arrivera un jour. Je n'ai pas encore tout lu de toi, mais le seul défaut que je pourrais trouver à tes écrits pour l'instant, c'est que les thèmes des intrigues se répètent un peu pour le lecteur qui te connaît bien, et parfois on devine le twist final avant qu'il n'arrive ^^ Enfin bref, j'ai tendance à être du même avis que les gens ci-dessus (j'aime beaucoup la théorie "freudienne" de Nadège !) Le gamin n'a peut-être pas dépassé la première page parce que c'était pas écrit en SMS avec des photos de footballeurs, de guerre, et de nanas à gros nichons, donc "nul"... Au fait par curiosité, c'était lequel de bouquin sur le stand ? ^^
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