• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 217

    Conscience professionnelle

             Une éditrice, moins jeune que la précédente mais tout aussi vindicative, m’impose d’insupportables remaniements de texte.

             — Mais pourquoi faites-vous ça ? m’énervai-je. Pour vous approprier les livres que vous publiez ?

             Elle me toise avec hauteur.

             — Tttt, pour les améliorer, tout simplement. C’est dans votre intérêt que je vous corrige. Vous devriez me remercier !

             — Et si je préfère ma version à la vôtre ? 

             — On n’est pas objectif vis-à-vis de son propre travail. Croyez-moi, si j’avais été l’éditrice de Flaubert, il ne s’en serait pas tiré comme ça. Jamais je n’aurais laissé Madame Bovary sortir dans cet état. Et je suis sûre que, contrairement à vous, il m’en aurait été reconnaissant.

             Brave Gustave, va !

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 7 Octobre 2012 à 09:22
    Benoît Barvin
    Mais là, cher crayon d'bois, il ne s'agit pas de corrections minimes mais de passages entiers - je réponds à la place de Gudule, car j'ai aussi connu ça. "Et gnia gnia gnia, c'est comme ça qu'il faut écrire, et le lecteur il est trop bête pour comprendre, et, de toute façon, c'est moi la chef - et parisienne, de surcroît, donc dans la ville la plus intelligente du monde, donc moi aussi; et puis si vous n'êtes pas contente, hein?" On a tous connu des chefaillonnes arrogantes et se la pétant...Le bruit et l'odeur, croyez-moi, n'est vraiment pas ragoutant!
    2
    Dimanche 7 Octobre 2012 à 15:48
    Martine27
    J'espère que la dame avait des bottes extensibles, parce que bonjour les chevilles !
    3
    Mardi 9 Octobre 2012 à 20:41
    Castor tillon
    Je frémis à l'idée que cette dame ait pu réécrire Flaubert. Pas que je sois fan, mais Flaubert, c'est Flaubert, et j'ai au moins aimé Salammbô.
    Par contre, elle, malgré son grand talent, je n'ai pas retenu son nom, dont je doute qu'il passe à la postérité.
    4
    crayon d'bois
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    crayon d'bois
    Bon dimanche, Gudule.
    J'imagine que vos avis sont sollicités à l'occasion par de jeunes auteurs, n'avez-vous jamais été tentée de suggérer à l'un ou l'autre quelques remaniements ?
    5
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Nadege
    *Prépare une batte de base-ball cloutée*

    Je peux avoir le nom de la dame ?

    *Sifflotte*
    6
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    gudule
    @ Crayon d'bois : il m'est arrivé, bien sûr, de donner des conseils quand on me le demandait ; il m'est même arrivé, les rares fois où j'ai joué les éditrices, de refuser des textes qui ne convenaient pas aux anthos que je dirigeais, mais je ne me serais jamais permis de modifier quoi que ce soit dans les textes des autres. Je pouvais signaler : "Tiens, là, tu as fait une répétition" ou "ta nouvelles est un peu longue, pourrais-tu la raccourcir", mais il s'agit d'une toute autre démarche. Ce que je conteste, c'est le travail de réécriture de certains éditeurs. C'est une forme d'abus de pouvoir particulièrement pernicieuse, et je préfère nettement un "non"pur et simple à ce "oui mais" qui piétine les plates-bandes de l'auteur.
    @ Benoît : nous avons vécu un peu les mêmes trucs, tu peux donc en parler comme moi. C'est d'ailleurs une plainte récurrente chez les auteurs, cette appropriation de leur travail par l'éditeur. Françoise Xénakis, qui n'acceptait aucune correction autre qu'orthographique, avait une jolie réponse à ce problème : "Mais ma chérie, ce n'est pas un livre à quatre mains !" Tout était dit.
    7
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    gudule
    @ Martine et Nadège : votre saine indignation me va droit au cœur !
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    8
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Nadege
    J'adore Madame Bovary donc pas touche !
    9
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Gudule
    Et tu n'es pas la seule !
    10
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:41
    Gudule
    Tiens, moi aussi, Salammbô fait partie de mes grands émerveillements d'adolescente. Je voulais être elle quand je serais grande. C'est raté.
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