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grands moments de solitude 195 (tome 2)
Paternité
Les consignes étaient claires : pas question que quiconque, dans notre entourage, soupçonnât l’origine des enfants de Mondeva. C’est qu’il avait sa dignité, notre Shabazz ! Guinevra et Siegfrid étaient ses gosses à lui, point barre. S’il ne les avait pas conçus avec l’engin idoine — laissant ce soin à l’ignoble Baffrelard, plus doué que lui en discipline reproductive —, il en avait fait ses héritiers moraux, répandant sur leurs berceaux, telle une fée médiévale, les mille et un talents dont il était pourvu. Mais ces attributions avaient un prix : Guinevra serait musicienne, et Siegfrid, plasticien ou designer. De plus, ils l’appelleraient papa ( ce qui ne semblait guère leur déplaire).
Mais le problème, quand on ment, c’est qu’on s’emmêle facilement les pinceaux, surtout si plusieurs personnes sont dans la confidence. C’ était le cas, en ce qui me concernait du moins. D’autant que cette histoire de paternité en tracassait plus d’un(e), sur notre lieu de travail, et les questions allaient bon train. Homosexualité, divorce, identités fantaisistes, informations contradictoires formaient un amalgame qui rendait peu crédible la fable familiale concoctée par le faux père en mal de reconnaissance. Et ce qui devait arriver arriva : pressée de toute part, je finis par vendre la mèche.
— Mais enfin, ces enfants, ce sont les siens ou pas ? m’interrogea Kate en pleine réunion.
Je rougis, bafouillai :
— Euh… oui, oui… Bien sûr ! Il te l’a dit, non ?
— Et toi, il t’a dit quoi ?
— Ben… pareil.
— T’es sûre ?
—Ou… oui…
Ma réponse ne dut pas être convaincante car , un quart d’heure plus tard, Shabazz me tombait dessus au détour d’un couloir.
— Qu’as-tu encore été raconter comme connerie ? Tout le bureau est au courant de mes histoires, et je passe pour quoi, moi ?
J’aurais pu lui répondre tout à trac : « pour un menteur et tu ne l’as pas volé », mais le voir dépossédé par la vox populi de ceux qu’il aimait le plus au monde me fendit le cœur, aussi laissai-je passer l’orage, jusqu’au jour où il m’annonça :
—Dorénavant, à la demande de Mondeva, les gosses m’appelleront « parrain ».
— Allons bon ? Pourquoi ?
— Elle vient d’épouser Baffrelard et n’a aucune envie de leur embrouiller la tête.
Ce jour-là, j’ai béni l’administration
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Commentaires
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