• grands moments de solitude 191 (tome 2)

     

          Petits moments de reconnaissance (suite)

          

                         La Comtesse, Fifi et moi

     

             Du plus loin que je me souvienne, la Bibliothèque Rose a tenu dans ma vie une place de choix. Mes premières vraies jouissances de lectrice remontent aux romans de la Comtesse de Ségur, ces magnifiques ouvrages à couverture rouge, dorée au fer, que je tenais de ma grand-mère. À l'époque, ils n'étaient pas encore illustrés par Pécoud — dont les dessins très « années trente » furent, par la suite, indéfectiblement liés à l'œuvre de la Comtesse — mais enluminés de gravures vieillottes qui me transportaient. J'ai appris à lire en déchiffrant avidement Les malheurs de Sophie et Les mémoires d'un âne, ce dernier titre restant pour moi, en dépit des critiques dont il a pu être l'objet, l'un des monuments de la littérature jeunesse.

             Puis, un jour, vint Fifi Brindacier, et l'approche, à travers les mésaventures cocasses de la trublionne aux nattes rousses, de l'humour, de la désinvolture, de l'impertinence et de l'insoumission. Je n'oublierai jamais mon émerveillement en découvrant, dans La princesse de Couri-coura, une héroïne fondamentalement différente de toutes celles que j'avais croisées jusqu'alors. Rompant avec la tradition bien établie des personnages-modèles que les livres pour enfants, par souci pédagogique, imposaient à leurs lecteurs, Fifi en remontrait aux adultes, vivait seule en compagnie d'un singe et d'un poney, et possédait une force surhumaine. Bref, elle ne cherchait pas à nous faire la morale mais la transgressait, au contraire. Je crois avoir appris, sous la plume d'Astrid Lindgren, le sens du mot « liberté ».

             Fifi ne m'a plus jamais quittée, depuis. Je lui dois, en grande partie du moins, ma fougue d'écrire, et nombre de mes héros portent son empreinte. Zoé-la-trouille, entre autres, qui m'a ouvert les portes de cette collection mythique…

             Paraître dans la Bibliothèque Rose était pour moi plus qu'un rêve : un fantasme. Prendre la suite des Grands Dames qui lui ont donné son âme, son identité, et ont aidé tant de fillettes à se construire, quel privilège, quel honneur ! L'occasion m'en fut offerte il y a une vingtaine d'années, et depuis, Zoé côtoie, pour mon plus grand bonheur — et, je l'espère, celui des lecteurs d'aujourd'hui —, les Sophie, les Cadichon et les Fifi qui ont ébloui mon enfance.

     

    (Pour plus de détails, voir le chapitre 32 du présent recueil)

     

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  • Commentaires

    1
    Catherine
    Mercredi 23 Décembre 2015 à 19:22

    Aaaahhh oui........

    Bref mais intense.

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