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grands moments de solitude 191 (tome 2)
Les beaux quartiers
En vieille Parisienne, coutumière des transports en commun, j’étais aussi à l’aise dans le métro nocturne que dans ma salle de bains.
En fait, je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais flippé en parcourant la capitale, sauf une fois, une seule. Dans le XVIème arrondissement. C’était un dimanche après-midi, et je sortais de la Maison de la Radio après une vague émission littéraire. Rues désertes, pas un bistrot d’ouvert à l’horizon, rideaux de fer baissés sur les vitrines des magasins ; une ambiance post-apo à vous donner le frisson.
Soudain, qu’entends-je derrière moi ? Des rires gras, des bruits de pas précipités, des cris, des bousculades… Je me retourne ; le remue-ménage émane de trois gros crânes rasés dont le treillis militaire et les rangers kaki me font monter l’adrénaline.(Ah, que je regrette, à cet instant précis mes petites frappes de Barbès, si inoffensives face à ces mastards !) Fringues ethniques et dread-locks ne véhiculent à mes yeux aucune violence, tandis que ce look agressif d’extrême droite… au secours !
« Et s’ils ont écouté l’émission ? », me dis-je tout en marchant. Si mes propos leur ont déplu et qu’ils décident de se venger ? Qui les en empêchera ? »
À force de me faire des films, je finis vraiment par avoir la trouille, si bien que, déboulant à toutes jambes sur l’avenue des Champs-Élysées, j’arrête le premier taxi qui passe à ma portée et saute dedans. Une chance que le chauffeur ne soit pas un couard, car, à la vue de mon escorte, j’en connais qui auraient pris la poudre d’escampette !
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Commentaires
bonne question, mâme Yunette ! ce sont les dégâts collatéraux de notre civilisation ultra libérale, et ça, foutrediou, ça fait peur !
Hum, quand on peut s'éviter une droite violente, hein, il est bien normal de courir loin d'elle/eux !
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La force de l'imagination ! Mais bon, tu penses que ces mecs là savaient faire fonctionner une radio ?