-
GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 191
Les couvertures qui grattent
C’est stipulé sur les contrats : le « packaging » des livres ne concerne que l’éditeur. L’auteur n’étant, par essence, pas habilité à commercialiser son œuvre, la couverture, la quatrième de couv, voire même le titre ne sont pas de son ressort. Ça donne parfois des résultats bizarres. Je me souviens d’un petit roman érotique, paru en 1986 dans la presse de charme, que j’avais intitulé « Le sexe des anges ». À mon insu, et par la grâce du rédacteur en chef, c’était devenu « Soumise à mon élève » — ce qui n’avait strictement rien à voir avec l’histoire mais était, paraît-il, plus vendeur. Les amateurs d’institutrices masos n’ont pas dû apprécier !
En ce qui concerne les quatrièmes de couv, rédigées d’ordinaire par le directeur de collection (ou son assistante), nous avons plusieurs cas de figure :
1) Le résumé est si éloigné de l’intrigue que l’auteur lui-même s’y perd. Cette interprétation subjective peut aller jusqu’à trahir totalement sa pensée, et lui faire dire l’inverse de son propos.
2) Le truc dévoile, en trois lignes, un suspense distillé parcimonieusement sur deux cents pages.
3) C’est tellement mal écrit que ça ne donne pas du tout envie de lire le livre.
4) La personne, trop pressée, n’a eu le temps de parcourir que quelques chapitres, et base tout son argumentaire sur une anecdote sans le moindre intérêt.
Rares sont, hélas, les éditeurs qui ont l’intelligence de confier cet exercice à l’auteur, qui est pourtant le mieux placé pour faire la synthèse de son propre texte — enfin, il me semble.
Quant aux illustrations, alors là... Nous touchons un sujet sensible. Que de fois, au cours de ma carrière, j’ai grincé des dents devant mon bébé défiguré ! Un exemple au hasard : « La vie en Rose », repris par France Loisirs dans sa collection Piment. Le roman débute ainsi : Rose n'était pas jolie, ça, non ! Le genre souffreteuse à la limite de l'anorexie. Un nez trop long, des lèvres trop minces, une petite tête aux cheveux ras posée sur un frêle cou de victime, pas de seins, pas de hanches... Bref une allure pitoyablement androgyne alors que l'époque prônait les stars mamelues, à la taille fine et au fessier avantageux. Or, la couverture s’orne du portrait — affreux ! — d’une grosse blonde boudeuse aux cheveux longs...
Ces pataquès éditoriaux seraient risibles si, neuf fois sur dix, ils n’engendraient ce corollaire cynique :
— Désolés, mais vu les chiffres de vente de votre dernier livre, nous ne pouvons pas vous prendre le suivant.
Sachez, bonnes gens, que quand un bouquin fait un flop, c’est toujours la faute de l’auteur.
-
Commentaires
1Benoît BarvinJeudi 16 Août 2012 à 08:32Répondre
http://nsm05.casimages.com/img/2012/08/24//12082410181014328910241709.jpg
(Elle était compliquée, celle-là, pfouh. Pas aussi fort que Cali, mais je m'en suis bien tiré).
Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour pondre une idiotie.
Si les éditions Piment m'intentent des poursuites, j'essaierai de courir plus vite qu'eux.
http://nsm05.casimages.com/img/2012/08/25//12082506094714328910242399.jpg6GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:437GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:438OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:439GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:43
@ Odomar : Ta manière de rationaliser les choses me séduira toujours !10NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:4311GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4312NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:4313GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4314NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:4315GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:43
@ Castor : Non mais t'as pas bientôt fini de défiguer mes BELLES couvertures, petit galopin ?16La ZèbreVendredi 29 Août 2014 à 13:43
Ajouter un commentaire