• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 187

    Intuition

      L’un de mes premier romans s’intitulait « A la folie ». Il eut une curieuse destinée que j’ai racontée dans l’avant-propos de mon recueil « Les filles mortes se ramassent au scalpel », paru aux éditions Bragelonne. L’histoire était tragique, et, dans le chapitre où mon héroïne nageait en plein drame, j’avait écrit : « Elle s’affairait, rangeait, briquait, dépoussiérait avec une sorte de  frénésie têtue ; gestes éternels des femmes face au désespoir, à la maladie, à la mort... » L’éditeur de chez Gallimard, où mon livre devait sortir, biffa ce passage, l’estimant pompeux, désuet et antiféministe.

             Je le retirai donc.

             À regret.

             Et à tort.

             Trente ans plus tard, ayant moi-même vécu de douloureux événements, j’ai souvent repensé à cette phrase. Et je l’affirme haut et fort : elle n’était ni pompeuse, ni désuète, ni antiféministe, mais tout bêtement prémonitoire. 

    « ZOÉ BORBORYGMEZOÉ BORBORYGME »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 8 Août 2012 à 09:47
    Benoît Barvin
    Il n'y a pas que les femmes qui exécutent ces gestes du quotidien pour lutter contre l'impondérable, Chère Soeur. Les Messieurs le font aussi, mais ils font comme s'ils étaient forts - comme des Turcs amènes -, ainsi que l'aurait dit, en pouffant, notre cher ami...
    2
    Mercredi 8 Août 2012 à 10:35
    Tororo
    Toute ma sympathie à la dépoussiéreuse affairée. On peut souhaiter à cet éditeur de n'avoir pas eu trop vite, ni trop souvent, l'occasion de constater que c'était une phrase simplement réaliste (quel qu'ait été le sexe dudit éditeur, parce que, comme l'a fait remarquer Benoît, ça marche aussi pour les mecs).
    3
    Mercredi 8 Août 2012 à 13:15
    castor tillon
    La plupart des éditeurs n'ont pas besoin d'avoir ce réflexe compulsif : ils ont une femme pour cela. Ça leur laisse du temps pour juger de la légitimité d'une expression chez des écrivains compétents, expérimentés et sensibles.
    4
    Samedi 11 Août 2012 à 13:59
    Lunatik
    Un amour aveuglant, malgré son titre... euh... BarbaraCartlandesque (je préfèrais largement Oeil pour oeil ou Pénombre) reste l'un de mes préférés Gudule. Beau et flippant.
    5
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:43
    Gudule
    Putain, c'est bon de se sentir comprise ! Surtout, ne devenez jamais éditeurs, messieurs : ça vous gâterait !
    6
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:43
    gudule
    Tu n'es pas la première personne à me dire ça, concernant ce titre. Moi, c'est justement ce double sens (le figuré barbaracatlandesque, et le sens propre, terrifiant)qui me plaisait. Ces fausses candeurs qui cachent l'indicible... J'aimais bien le titre de Mélanie, aussi : Maison bleue. Mais bon... En tout cas, merci ! Et bisou : j'adore quand tiu viens faire un tour sur mon blog !
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