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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 184 (TOME 2)
Étonnant voyageur
Dans les salons du livre, à force de croiser des visages connus et inconnus, on finit par tous les confondre. Qu’ils appartiennent à des lecteurs rencontrés les années précédentes (« Vous ne vous souvenez pas de moi ? En 2006, vous m’avez dédicacé votre livre X, Y, Z »), à des collègues auteurs, ou même à des célébrités du cinéma, de la télé ou de la presse, leurs traits, à la longue, s’impriment dans notre mémoire — mais pas toujours avec la bonne identité.
Ce fut le cas, cette année-là, à Saint-Malo où, dans la navette reliant la gare au site d’ Étonnant voyageur, je me retrouvai assise en face de Louis Velle. Son physique m’était si familier (j’avais, en son temps, suivi assidument la série Les Demoiselles d’Avignon dont ma petite famille était friande), que je crus avoir affaire à l’un de mes amis.
—Oh, tu es venu ! m’écriai-je, en me penchant vers lui. Quel plaisir de te revoir ! On va passer le week-end ensemble, alors ?
Comme je me levais pour l’embrasser, son léger mouvement de recul me mit la puce à l’oreille, et je regardai sa voisine qui ne me quittait pas des yeux. C’était sa femme, Frédérique Hébrard que je reconnus instantanément. Avec un « gloups » discret, je me rassis et, jusqu’à destination, gardai obstinément le nez collé à la vitre.
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Commentaires
Qu'est-ce qu'il a dû prendre, le Louis, de retour à la maison.
@ Luna : il m'est arrivé la même aventure avec le cuistot de mon entreprise, que je voyais tous les jours depuis des années. Je l'ai rencontré à l'extérieur avec sa femme. Sans sa toque et son tablier blanc. Il m'a pratiquement sauté au cou, m'a entretenu pendant un bon quart d'heure, et, en homme affable, j'ai abondé dans son sens. J'ai passé le reste de ma soirée avec des points d'interrogation qui me sortaient par tous les trous.
5LunaMardi 13 Janvier 2015 à 11:50@ Gudule : meuh ? ?...?
@ Castor : je ne veux rien savoir de ce qui te sort (ou non) des trous divers avariés...
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écrivaine pour la jeunesse, surtout, et pour les adultes aussi un peu.
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Mouarf. Vilaine. Briseuse de couple, va.
Moi chuis si peu physionomiste que je ne reconnaîtrais pas la vache Milka dans un couloir de métro, alors en général je m'abstiens de toute initiative du genre. Ce qui n'est pas sans risque non plus, ceci dit.
Une fois, j'étais en train de faire la queue au supermarché un samedi aprèm, quand une nana a posé ses courses sur le tapis derrière les miennes et s'est mise à me taper la discute. Passé le premier mouvement de surprise, j'ai bien dû me faire à l'idée que c'était quelqu'un que je devais côtoyer assez régulièrement, vu la teneur de la discussion. Elle m'a ensuite tenu la jambe un bon quart d'heure sur le parking, me laissant sur un mystérieux et néanmoins enjoué "à lundi" qui m'a fait exploser le perpleximètre (c'est comme un trouilloumètre mais pour mesure la perplexité, t'vois ?). Puis bon, j'ai mis mon mouchoir dessus.
Et le lundi, au boulot, j'ai enfin réalisé que la nana en question était la collègue avec laquelle je bossais depuis quatre mois... (mais faut dire à ma décharge qu'elle s'habillait pas du tout pareil pour faire ses courses que pour rempoter des pieds de tomates)