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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 184
L’insulte
Olivier était le plus typé de mes trois enfants. Gamin, il ressemblait à s’y méprendre au Mowgli duLivre de Jungle. Comme nous vivions à Aubervilliers, haut-lieu d’immigration où sévissait déjà, en ces pourtant douces années soixante-dix, un racisme larvé, j’avais pris les devants. Je détournais toutes les insultes dont mon petit garçon risquait d’être victime — bougnoule, melon, crouille, et autres joyeusetés issues de la colonisation —, pour en faire des mots tendres. Du genre : « mon petit melon d’amour », voyez ? Ou « mon crouillat en sucre ». Ainsi, me disais-je dans ma grande naïveté, il sera blindé contre ce genre d’horreur et ne les ressentira pas comme dévalorisantes...
Un jour, pourtant, je le récupérai en larmes, à la sortie de l’école.
— On m’a traité de sale Juif, m’expliqua-t-il entre deux sanglots.
Et merde. Celle-là, je ne l’avais pas prévue.
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Commentaires
1Benoît BarvinJeudi 2 Août 2012 à 08:15Répondre4guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:445guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:446guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:447NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:448guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:44
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