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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 183
Orgasmo
Ma mère voyait le mal partout. Même dans les innocents baisers de cinéma des année cinquante, où les lèvres des acteurs s’effleuraient à peine. D’autant que je n’avais droit qu’aux films de cape et d’épée — Robin des bois, Le comte de Monte Cristo, Le Capitan, Le Bossu... — ou à des péplums bibliques, style Les Dix Commandements. Que du correct, donc, que de l’édifiant, mais comportant toujours, à un moment donné, un chaste enlacement. Contre cette image qu’elle jugeait insoutenable, maman avait une parade : dès que les héros faisaient mine de s’embrasser, elle me poussait du coude. Je me tournais vers elle, elle me souriait dans l’ombre, et quand je regardais à nouveau l’écran, la séquence était terminée.
Elle me fit le coup six fois ; six fois je tombai dans le panneau. À la septième, m’étant mentalement préparée, je résistai. Elle insista, me secoua le bras ; chuchota « Anne ! » à mon oreille. Imperturbable, je gardai les yeux fixés sur la scène interdite. Et, le sentiment de transgression aidant, j’en éprouvai un plaisir indicible (et parfaitement disproportionné).
Le baiser de Lagardère à Aurore de Nevers, ce fut ma première vraie émotion sexuelle.
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Commentaires
http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/31//12073103375814328910162207.jpg
Ah, c'est pas le bon bisou ?
Sinon, tu peux trouver le film entier ici :
http://www.youtube.com/watch?v=c7pTS81jWks
http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/31//12073108233014328910163442.jpg
... mais ? mais ils sont habillés ?!?6FrédéricVendredi 29 Août 2014 à 13:447guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:44
@ Frédéric : j'ai fait pareil avec mes fils. Ta mère devait avoir une mère dans le genre de la mienne, non ? Paradoxalement, ça vous ouvre l'esprit, l'obscurantisme parental.8guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:44
@ Castor : nan, c'est pas le bon bisou. Pas confondre avec "Gazon maudit", sorti une cinquantaine d'années plus tard...Merci pour l'adresse du film !9guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4410guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4411OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:44
C'est extrêmement drôle en effet, les baisers avec Jean Marais, qui ne devait guère apprécier. A la fin du MIRACLE DES LOUPS, avec l'héroïne, ils se mettent joue contre joue !! Avait-il exigé par contrat (comme Lino Ventura) de ne pas avoir à embrasser ?12JustineVendredi 29 Août 2014 à 13:4413guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:44
Très rigolo, je trouve, la clause du contrat "j'embrasse pas". C'est vrai que pour Jean Marais, ça devait être une torture ! Remarque que, comme il faisait toutes les cascades lui-même (prétend-on), une de plus ou de moins...
@ Justine : Ah ça oui ! Parce que, quand même, Jean marais, c'était un bon comédien !14OdomarVendredi 29 Août 2014 à 13:44
Pas LE COMTE DE MONTE CRISTO, ce qui prouve que ma famille était plus catholique que la tienne. Car le roman d'Alexandre Dumas était à l'Index (cette affaire de vengeance...) et par la suite les films sentaient le soufre.15guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4416NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:44
*La position de l'Eglise a varié sur cette notion.17guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4418NadegeVendredi 29 Août 2014 à 13:4419guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:44
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Je ne voudrais pas être grossier, mais je me demande où regardait maman quand elle t'a conçu. Etait-elle consciente d'avoir commis un péché de chair ? Pour croître et multiplier, comme dit la bible, il faut bien mettre la main - et le reste - à la pâte.