• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 183

    Orgasmo

            Ma mère voyait le mal partout. Même dans les innocents baisers de cinéma des année cinquante, où les lèvres des acteurs s’effleuraient à peine. D’autant que je n’avais droit qu’aux films de cape et d’épée — Robin des bois, Le comte de Monte Cristo, Le Capitan, Le Bossu... — ou à des péplums bibliques, style Les Dix Commandements. Que du correct, donc, que de l’édifiant, mais comportant toujours, à un moment donné, un chaste enlacement. Contre cette image qu’elle jugeait insoutenable, maman avait une parade : dès que les héros faisaient mine de s’embrasser, elle me poussait du coude. Je me tournais vers elle, elle me souriait dans l’ombre, et quand je regardais à nouveau l’écran, la séquence était terminée.  

            Elle me fit le coup six fois ; six fois je tombai dans le panneau. À la septième, m’étant mentalement préparée, je résistai. Elle insista, me secoua le bras ; chuchota « Anne ! » à mon oreille. Imperturbable, je gardai les yeux fixés sur la scène interdite. Et, le sentiment de transgression aidant, j’en éprouvai un plaisir indicible (et parfaitement disproportionné).

           Le baiser de Lagardère à Aurore de Nevers, ce fut ma première vraie émotion sexuelle.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 31 Juillet 2012 à 05:56
    Castor tillon
    Hééé ! Y a pas de bisou dans cette bande-annonce ! Trahison ! Tu nous a censuré le bisou ! Ou alors il était tellement discret que je ne l'ai pas vu.
    Je ne voudrais pas être grossier, mais je me demande où regardait maman quand elle t'a conçu. Etait-elle consciente d'avoir commis un péché de chair ? Pour croître et multiplier, comme dit la bible, il faut bien mettre la main - et le reste - à la pâte.
    2
    Mardi 31 Juillet 2012 à 08:33
    Benoît Barvin
    Ceci dit, voir Jean Marais - vieux déjà à l'époque - embrasser la gironde Sabine Sesselmann, qui a, hum, plus de 25 ans de moins, c'est quand même un peu limite (et je ne parle évidemment pas des préférences sexuelles de notre Jeannot national, un de mes acteurs préférés). Déjà, à l'époque - j'étais vraiment petit - cette relation me dérangeait. Déjà qu'on qualifiait les garçons de 12 ans, moi qui en avait à peine 8 de "vioques", hein?... Mais je trouve que le subterfuge de votre Maman, Chère Soeur, était - vu de loin - très malin... Ceci dit, le réitérer trop souvent, par contre... En garçon de l'époque, quand il y avait une scène de baiser, ça voulait simplement dire qu'on avait droit à un soleil couchant, souvent, et l'arrêt pendant de trop longues minutes des superbes scènes d'action (les seules qui valaient le coup), et qu'il fallait se "farcir" une mièvrerie un rien dégoûtante ("Beurk! T'as vu? Ils collent leur bouche l'une contre l'autre... Moi, on m'a dit qu'ils mettaient même la langue! Arrête, je vais vomir!". Bref, en bons petits z'hommes qu'on était, on profitait de ces scènes pour faire un peu de bruit alors que les filles s’époumonaient en "chut!Chut!" rigolos... Ce que c'est que les relations humaines, hein?
    3
    Mardi 31 Juillet 2012 à 15:28
    Castor tillon
    Tiens.

    http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/31//12073103375814328910162207.jpg

    Ah, c'est pas le bon bisou ?
    Sinon, tu peux trouver le film entier ici :

    http://www.youtube.com/watch?v=c7pTS81jWks
    4
    Mardi 31 Juillet 2012 à 20:12
    Castor tillon
    Voilà donc la fameuse fricassée de museau...

    http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/31//12073108233014328910163442.jpg

    ... mais ? mais ils sont habillés ?!?
    5
    Mardi 31 Juillet 2012 à 20:55
    Castor tillon
    Oui, c'est une capture d'écran. Et puisque Youtube nous offre si gentiment ce bossu, je le mettrai - si tu es d'accord, bien sûr - à la suite des Dpt S (j'ai déjà ripé 24 épisodes, plus que 4).
    6
    Frédéric
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Frédéric
    A la maison, j'ai toujours entendu parler de sexe. Certes, nous étions deux garçons, mais ma mère, sans nous corrompre, n'a jamais pratiqué la langue de bois. C'est elle qui m'a acheté mes premières capotes quand j'avais seize ans, avant que je parte en colo (achat qui ne fut pas tout à fait vain puisqu'elles finirent en bombe à eau) parce qu'à son goût "j'étais en âge de" et "qu'il valait mieux prévenir que guérir"... Alors les scène de baisers d'Angélique et compagnie, je n'en ai pas raté une... bon, en même temps, on commençait à voir des filles à poil de partout à la télé (la playmate du Collaro show par exemple, que mon père ne loupait jamais et des pub comme pour le savon cleopatra)...
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    7
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    @ Castor : j'ai eu beau chercher sur Youtube, pas moyen de trouver la scène du baiser. Je laisse donc aux lecteurs le soin de l'imaginer. Quant à ta question concernant ma mère... eh bien, je me suis toujours posé la même. Et à force de me la poser, j'ai finit par écrire "Paradis perdu"...

    @ Frédéric : j'ai fait pareil avec mes fils. Ta mère devait avoir une mère dans le genre de la mienne, non ? Paradoxalement, ça vous ouvre l'esprit, l'obscurantisme parental.
    8
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    @ Benoît : certes, moi aussi, cette différence d'âge me dérangeait un peu, d'autant qu'on le voit, au début du film, portant Aurore bébé dans ses bras, puis un peu plus loin, lui apprenant à lire. Mais bon, Colette était bien amoureuse de Willy, n'est-ce pas ? Et j'ai moi-même, quelques années plus tard, fréquenté un relieur qui n'était plus de toute première fraîcheur. Il y a d'ailleurs là une similitude quelque peu troublante, si on y réfléchit. Car contrairement à vous et à vos camarades qui faisiez la grimace devant les roule-patins, nous, le filles, on adorait ça !
    @ Castor : nan, c'est pas le bon bisou. Pas confondre avec "Gazon maudit", sorti une cinquantaine d'années plus tard...Merci pour l'adresse du film !
    9
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    Castor, t'es un chef ! Tu l'a directement capturé dans le film ? Tu veux ressusciter l'émoi de mes dix ans, c'est ça ?
    10
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    T'es trop gentil ! J'ai hâte de voir ça, nom d'un chien !
    11
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Odomar
    Moi, la différence d'âge ne m'a jamais dérangé le moins du monde ! Allons, soyons ouverts !

    C'est extrêmement drôle en effet, les baisers avec Jean Marais, qui ne devait guère apprécier. A la fin du MIRACLE DES LOUPS, avec l'héroïne, ils se mettent joue contre joue !! Avait-il exigé par contrat (comme Lino Ventura) de ne pas avoir à embrasser ?
    12
    Justine
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Justine
    C'est marrant, ça me rappelle une de ces anecdotes "trop mimi" de "quand j'étais petite, naive mais si perspicace". Je regardais le capitaine Fracasse et j'ai dis à mon père " c'est marrant, il embrasse jamais les filles pour de vrai, il doit pas les aimer". C'est comme ça que mon papa a compris que Jean Marais préférait les garçons, et il était tout fier de sa fille. J'étais déjà super intelligente à l'époque, c'est fou.
    13
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    @ Odomar : Je te reconnais bien là !
    Très rigolo, je trouve, la clause du contrat "j'embrasse pas". C'est vrai que pour Jean Marais, ça devait être une torture ! Remarque que, comme il faisait toutes les cascades lui-même (prétend-on), une de plus ou de moins...
    @ Justine : Ah ça oui ! Parce que, quand même, Jean marais, c'était un bon comédien !
    14
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Odomar
    N'empêche que LE BOSSU et LE CAPITAN sont, comme pour toi, les grands films de mon enfance.
    Pas LE COMTE DE MONTE CRISTO, ce qui prouve que ma famille était plus catholique que la tienne. Car le roman d'Alexandre Dumas était à l'Index (cette affaire de vengeance...) et par la suite les films sentaient le soufre.
    15
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    Ah non, ma mère, la vengeance ne la dérangeait pas... tant qu'elle restait platonique, tu vois ? Je sais pas si c'était catho ou personnel, en fait. Le comte de Monte Cristo, elle aimait bien.
    16
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Nadege
    A Castor, si je me rappelle bien, selon la doctrine catholique, l'acte sexuel est un mal nécessaire, il faut donc se limiter à la stricte procréation et ne pas y prendre (trop*) de plaisir parce que là est le pêché de chair et non pas dans l'acte lui-même (du moins pour les couples mariés)

    *La position de l'Eglise a varié sur cette notion.
    17
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    L'Eglise a peut-être légèrement évolué, depuis les époques les plus obscurantistes, mais ça ne se voit pas trop... L'assimilation plaisir/péché qui porte en lui sa propre punition existe toujours. Et cette façon de voir s'est exprimée de façon révoltante au moment de la grande offensive du sida.
    18
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Nadege
    Ce n'est pas là ce qui me révolte le plus dans la hiérarchie, ça fait partie de leur dogme. C'est plutôt le "Faites ce que je dit, pas ce que je fais".
    19
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    Remarque, ça, c'est assez humain, dans l'ensemble. Les politiques sont pas mal, aussi, dans le genre. C'est bien connu que la morale, c'est toujours pour les autres. Les pauvres, les faibles, les démunis. Les puissants sont au-dessus de leurs propres lois. (C'est pas un peu bateau, ce que je viens d'écrire ? j'ai le sentiment que c'est d'une incommensurable niaiserie )
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