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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 18
Voir Pif et mourir
Mes fils étaient, dans leur enfance, des lecteurs fanatiques de Pif gadjet — et cela d'autant plus que leurs parents y travaillaient. Nous pondions, Alex et moi, des jeux au kilomètre pour tous les "petits formats" des éditions Vaillant : Pif poche, Léo poche, Pifou poche et autre Totoche poche.
Frédéric et Olivier, alors âgés de neuf et six ans, subissaient donc à haute dose l'influence pernicieuse de ces magazines dit "pour la jeunesse", ce qui faillit bien me coûter la vie, voici dans quelles circonstances.
Nous avions fait la fête, la veille, avec des copains, et nous nous étions couchés fort tard, après avoir bien picolé. Soudain, à une heure que je suis incapabler d'évaluer, mais qui devait se situer aux environs de huit heures, des cris m'éveillent en sursaut :
— Maman ! Viens viiiite !
En bonne mère, je réagis au quart de tour. La voix de mes loupiots est empreinte de ce que je prends, de prime abord, pour de la peur — et n'est, en réalité, que de la malice, mais bon, dans un demi-sommeil, on peut confondre. Je jaillis du lit et me rue dans leur chambre, dont la porte est entrouverte, en criant, affolée:
— Qu'est-ce qui se passe ?
Un choc sourd m'interrompt, accompagné d'une douche glacée qui m'éclabousse de la tête aux pieds. Les gamins, morts de rire !
Il me faut quelques secondes pour réaliser ce qui vient d'arriver. Prenant modèle sur la dernière aventure de Placid et Muzo, mes deux garnements ont hissé sur le haut de la porte une gros seau métallique qu'il ont patiemment rempli d'eau à ras bord. Pour ce gag vieux comme le monde, j'étais la victime toute trouvée, mais manque de bol, le seau a manqué sa cible : au lieu de me coiffer comme dans la BD — wouah, la criiise ! —, il est tombé à côté de moi. N'empêche, c'était marrant quand même, surtout vu ma tête !
Sitôt remise de mes émotions, je hurle :
— Nettoyez-moi tout ça immédiatement et recouchez-vous ! Je ne veux pas vous entendre avant midi !
Puis je regagne mon lit les jambes flageolantes, après avoir mis sécher mon peignoir trempé.
Mais impossible de me rendormir, je gamberge trop. Si le seau — qui, plein, pesait au moins trente kilos — m'était tombé sur la tête, j'étais cuite. Et comme mort conne, on pouvait difficilement trouver mieux, non ?
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Commentaires
Je souscris absolument. C'était plus marrant avant. Une époque qui essaie d'éradiquer le camembert parce que ça peut être dangereux, c'est pas normal. Du moins ça dénote un manque d'humour inquiétant.
Cela-dit je suis d'accord avec tous les commentaires ci-dessous que vivre sans un peu de danger n'est plus vivre. La sécurité se vend au prix de la liberté ;)5GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:506GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:507GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:50
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La vie de parents est périlleuse !