• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 176

    Pierre

      Au cours d’un de ses séjours chez nous, maman, tourmentée par notre athéisme recurrent, décide de prendre les choses en main. Elle expose la situation au curé de la paroisse, un dénommé Pierre, ma foi fort sympathique. À sa demande, il se présente chez nous et nous explique avec diplomatie que bon, si on ne croit pas en Dieu, no problemo : sa visite n’est pas professionnelle mais amicale. Dans ce cas... On l’invite à boire un p’tit coup, ce qu’il accepte sans hésiter.

             — J’ai passé un fort agréable moment, nous dit-il en s’en allant.

             — Reviens quand tu veux, lui répondons-nous.

             Il ne s’en prive pas. Une amitié naît — sans que, par un accord tacite, la question religieuse soit jamais abordée. Pierre est un joyeux drille, il aime rire, plaisanter. Nos idées politiques se rejoignent. Bref, en dépit de sa soutane (que, d’ailleurs, il ne porte jamais), nous sommes sur la même longueur d’ondes.

             Cette agréable relation durera plusieurs années.

             Jusqu’à ce que Pierre fasse des avances à Olivier, âgé de douze ans.

             Avances qui marqueront notre fils à vie, et dont il narrera les péripéties dans son album Pourquoi j’ai tué Pierre, illustré par Alfred.

             En tentant de nous remettre dans le droit chemin, ma sainte femme de mère n’avait pas prévu ça.

     

    pierre 4

    Extrait de l'album "Pourquoi j'ai tué Pierre", d'Olivier Ka et Alfred, paru aux éditions Delcourt.

    « GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE (HORS SÉRIE)ZOÉ BORBORYGME »

  • Commentaires

    1
    Mardi 17 Juillet 2012 à 08:42
    Benoît Barvin
    "L'enfer..." comme vous disiez, il n'y a pas si longtemps, n'est-ce pas Chère Soeur... Histoire triste, ce jour, heureusement que Zoé arrive à grands pas...
    2
    Mardi 17 Juillet 2012 à 09:05
    Tororo
    Il faut que je le lise alors.
    3
    Mardi 17 Juillet 2012 à 10:35
    Zoé
    Excellent livre, complètement bouleversant.
    C'est surtout toute la complexité de ce qu'il ressent, enfant, qui est magnifiquement décrit.
    Je le garde précieusement dans ma bibliothèque, en espérant qu'un jour il puisse peut être m'aider à sortir un gamin d'un mauvais pas.

    En tant que mère, tu n'as jamais parlé à Pierre alors, pour le confronter ? Ou ça n'aurait servi à rien ?
    4
    Mardi 17 Juillet 2012 à 10:53
    Zoé
    Oui, non, j'ai lu la bd, je me demandais si après l'avoir lu, comme Pierre était toujours en vie, tu aurais eu l'envie de le confronter, de lui parler.
    Mais bon, le chapitre était déjà clos et ne t'appartenait pas vraiment en fait...

    En tous cas, c'est vraiment une bande dessinée assez incroyable.
    5
    Mardi 17 Juillet 2012 à 19:38
    Castor tillon
    Respect à Olivier.
    Sans les avoir côtoyés, j'ai toujours éprouvé une méfiance instinctive vis-à-vis des missionnaires. Quoique ton curé était plutôt cool sur le prosélytisme. Dans l'état actuel de cette religion, où l'on doit croire aveuglément, se soumettre à une hiérarchie peu tolérante, et rester célibataire, je ne pense pas que les prêtres soient en mesure de lutter contre la frustration sexuelle, à moins d'être dotés d'une motivation surhumaine.
    J'ai eu une copine missionnaire chez les Témoins de Jehovah avec qui j'avais le même genre de relation que toi avec Pierre (je ne suis pas missionnable !), et elle avait résolu le problème de la frustration avec son "gourou" (un grand type entortillé dans une toge blanche immaculée). Vers onze heures et demie-minuit, on pouvait entendre ses puissants glapissements de plaisir dans le quartier silencieux.
    6
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Gudule
    Oui, mais livre magnifique ! Couronné par deux prix à Angoulème, il y a quelques années. Comme quoi, on fait parfois des miracles, avec les traumatismes. (Et laissons ma mère en-dehors de ça, surtout !)
    7
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    Je ne saurais trop te le conseiller. (Et mes liens familiaux avec l'auteur n'ont rien à voir avec ça)
    8
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Gudule
    Je n'ai appris les choses que bien plus tard. Il avait promis à Pierre de ne rien dire et a tenu sa promesse. Puis Pierre a été nommé à une autre paroisse, très loin, et on ne l'a plus vu. Olivier m'en a alors parlé comme d'une chose anodine, presque une anecdote. Je l'ai félicité d'avoir été capable de réagir avec autant d'intelligence et de recul. "Tu es très mur !" ai-je dit, admirative. Je ne mesurais pas la gravité de la chose, ni lui non plus, d'ailleurs. Ce n'est que bien des années plus tard que c'est ressorti ; quand sa propre fille a eu douze ans, je crois. Et là, il a vécu une véritable tourmente d'où est sorti ce livre admirable.
    9
    Crayon d'bois
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Crayon d'bois
    Pour un moment de solitude ! C'en fut un !
    10
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    gudule
    Yep !
    11
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Gudule
    Ben vouais, quoi : "Et pour être gourou, on n'en est pas moins homme", hein !
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    12
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Odomar
    Encore ce midi, à la TV, vu cet âne d'André 23 (archévêque de Paris) qu'on interroge sur l'euthanasie. De quoi se mêle-t-il?
    Ces cathos me gonflent de plus en plus, pour ne pas parler des musulmans qui sont encore pire.
    "Imagine no religion" (Lennon, 1971)
    13
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Odomar
    Tu touches du doigt l'essentiel, qui n'est pas le sexuel (la masturbation, ça existe, même s'ils en ont fait - aussi - un péché) mais l'affectif ! On comprend que ça les rende fous. mais bien sûr le traumatisme infligé à un enfant est une horreur. Toi, tu te serais bien dévouée, tiens ! (Jean Renoir in La Règle du jeu : "S'il faut m'sacrifier, je m'sacrifierai"...)
    14
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Odomar
    Quant à Machin 23, sous sûre qu'en plus il aimerait ça ! Les atroces souffrances, c'est leur trip...
    15
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Gudule
    Certes... C'est exactement ce que j'ai dit : il aurait au moins pu me demander à moi ! (remarque, j'avais un mari hyperjaloux, mais bon...)
    Les curetons, ils adorent la souffrance... mais peut-être pas quand c'est eux qui l'éprouvent, hein (ccf les Inquisiteurs) !
    16
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Odomar
    Histoire terrible.
    Et qui donne la haine.
    Non pas de ce pauvre Pierre, qui aurait été parfait s'il n'avait été complètement abîmé par sa religion. Abominable religion catholique qui condamne ses propres prêtres à une frustration dangereuse qui dégénère trop souvent ainsi...
    Pour qui le sexe de la femme représente le Diable !
    Pourquoi l'interdiction du mariage des prêtres ? je l'ai appris depuis peu. Au début, les prêtres étaient mariés. C'est quand l'Eglise s'est enrichie qu'on a fini par interdire le mariage, pour raisons financières : il ne fallait pas laisser éparpiller par héritage les biens de l'Eglise !!! Authentique.
    17
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Gudule
    Cent pour cent d'accord avec toi, Odomar ! D'ailleurs, Pierre nous parlait souvent de sa solitude affective. "Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'est dur !" disait-il. Ça n'excuse pas le fait qu'il s'en prenne à un enfant, évidemment, mais ça l'explique. Comme ça explique toutes les dérives du même genre dont l'église catholique a été le théâtre ces dernières années. Obliger des hommes dans la force de l'âge à un célibat forcé est non seulement inhumain mais dangereux. C'est créer de toute pièce une délinquance qui a fait des milliers de victimes (et dans le mot "victime", j'entends aussi le "bourreau"). Et que cette aberration ait pour moteur le fric - toujours ce satané fric - ça fout vraiment la gerbe !
    Quant à monseigneur Machintruc, on ne peut que lui souhaiter de mourir dans les pires conditions qui soient, sans une main secourable pour arrêter les frais !
    18
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:44
    Odomar
    Tu as vu LES FANTOMES DE GOYA ? Cette scène très jouissive où le père de famille, dont la fille moisit dans les cachots de l'Inquisition, kidnappe l'inquisiteur et le soumet à la question, avec les mêmes méthodes...
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