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grands moments de solitude 16 (tome 2)
Chers Whiteoak
Encore un miracle de la littérature : les Jalna. Dans cette saga d’une bonne quinzaine de titres, prélude à nos séries télévisées modernes, Mazo de la Roche, auteure canadienne des années trente, a donné une famille à des millions de lecteurs. Enfant, j’entendais ma mère et ma tante, adeptes fanatiques de ses livres, parler des Whiteoak comme s’il se fût agi de leurs plus proches parents. Durant des heures, penchées sur un tricot ou du linge à repriser, elles disséquaient chacune de leurs attitudes (voire s’en indignaient à grands cris), se réjouissant des heureux événements, déplorant les mauvais, critiquant telle ou telle réaction et y allant même de leurs conseils avisés. Pour elles, Philippe, Adeline, Renny, Finch ou Meg étaient véritablement des frères, des sœurs, des neveux et des nièces…
Moi, je les écoutais et je m’émerveillais de ce qu’avec une simple feuille et un stylo, on puisse susciter de tels sentiments chez autrui. Et je me disais (déjà !) : « C’est ça que je veux devenir, plus tard : écrivain. Un écrivain, c’est Dieu. Il crée un monde et l’anime à sa guise. Quand je serai grande, je serai Dieuze. Je ferai naître, vivre, évoluer et mourir mes propres créatures dans le décor que j’aurai choisi, au fil de péripéties que j’aurai imaginées, et on les aimera comme des personnes réelles. »
Hélas, ainsi que le démontrent les chapitres 13 et 14 du présent recueil, les éditions Grasset en ont décidé autrement. Car au-dessus de Dieu, il y a les éditeurs, entités démoniaques au pouvoir sans limite.
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Commentaires
1Annie GHSamedi 28 Juin 2014 à 00:16Répondre
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