• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 155

    Rue de la peur

             Mon chien, Philémon, avait un ennemi. Un vrai. Un tueur. Un qu’aveugle la haine et qui n’hésite pas à trancher dans le vif. Il se nommait Brigand ; c’était un molosse quatre fois plus gros que lui. 

             Brigand vivait en liberté dans le village. Phiphi aussi, mais moins, car du plus loin que Brigand l’apercevait, il se ruait sur lui avec des aboiements à réveiller un mort. Phiphi détalait mais, du fait de sa taille, était toujours rejoint. Alors, il faisait front et prenait sa branlée. Combien de fois l’ai-je vu revenir en boitant, encore tout gluant de la bave de son ennemi !

             Il a fini par développer une véritable psychose. Celle du gibier à la période de la chasse, voyez ? Toujours aux aguêts, toujours la trouille au ventre, le couinement au bord des babines. Lançant des regards furtifs dans toutes les directions. Se retenant de chier de crainte que l’autre en profite pour lui tomber dessus...

             Bientôt, Phiphi — qui pourtant avait une âme de vagabond —, refusa de sortir seul. Je l’accompagnai donc dans ses petites promenades, mais ma présence n’arrêta pas Brigand. Indifférent à mes cris et à mes tentatives de coups de pied (qu’il évitait avec une prestesse diabolique), le monstre lui fonçait dessus comme si de rien n’était. Du coup, il devint mon cauchemar, à moi aussi. Je me mis à le guetter avec angoisse, choisissant nos itinéraires en fonction de ses habitudes et évitant ses territoires de prédilection — en particulier une rue, que j’avais surnommée « rue de la Peur » car il y dormait toujours au soleil.

             Et puis un jour, Brigand est mort. Ce fut, pour nous, une délivrance. Enfin... pour moi. Philémon, lui, évite toujours la rue de la Peur. Dès qu’on s’en approche, il se met à ramper en gémissant. Ça croit aux fantômes, les chiens ?


    Puycelsi_1.jpg

         Allez, une petite photo prise hier par Castor Tillon, pendant la promenade de Phiphi. Là, ce n'est pas la rue de la Peur, ce sont les Lices. Mais Brigand n'est jamais très loin...

    « OYEZ, OYEZ, BONNES GENS...ZOÉ BORBORYGME »

  • Commentaires

    1
    Mardi 5 Juin 2012 à 08:17
    Benoît Barvin
    "Le fantôme du chien de la rue de la peur"... Heu, titre un peu long, c'est sûr, mais quel beau roman ça ferait... Je dis ça, moi, j'ai rien dit, hein?
    2
    Mardi 5 Juin 2012 à 16:11
    Castor tillon
    Un des cancres de Jean-Charles avait dit que les pattes avant servaient à courir, et les pattes arrières à freiner. Fort de ce postulat, je gage que les démarrages vont être sacrément foireux, et les coups de freins inopinés. Quand Phiphi aura compris de quel côté le faire tourner pour qu'il se vautre, ça sera gagné.

    ALLEZ PHIPHI,ALLEZ PHIPHI, ALLEZ !

    Cela dit, j'ai vu la rue de la peur, mais je ne m'y suis pas engagé, brr...
    3
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Gudule
    Non mais le pire, c'est que je viens d'apprendre aujourd'hui qu'il n'est pas mort, le Brigand. Il a passé une semaine à la clinique vétérinaire, et contrairement à ce que sa maîtresse m'avait dit, on ne l'a pas piqué. On l'a seulement amputé d'une patte avant + l'épaule. il est donc mutilé mais vivant, et sans doute Phiphi le sentait-il. Ce n'était point le fantôme qui l'effrayait, mais la certitude que l'Ennemi reviendrait, non point mort mais vif (enfin... nettement moins vif qu'avant, quand même...). Bref, on a pas fini de se faire chier !
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    4
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Gudule
    Je transmets le message et les encouragements à Phiphi.
    C'est vrai que la rue de la Pur, vue du parvis de l'église, avec son tournant qui s'enfonce dans l'ombre, elle est vachement flippante. Un jour, elle se retrouvera dans un roman, celle-là. Qu'y a-t-il après le tournant de la rue de la Peur ? t'as raison, brrr !
    5
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Odomar
    Moi, je dirais bien : Il faut exterminer les chiens !
    Enfin, les chiens méchants.

    Mais comment faire le tri ?
    6
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Gudule
    Oui mais alors, les conseillers municipaux aussi. Enfin, les plus méchants. parce que ceux-là, alors, comme nuisance... En revanche, je sais parfaitement comment faire le tri !
    7
    Mêo le
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Mêo															le
    En suivant les traces de castor je me retrouve ici, rue de la peur. Courage Phiphi ! A bas les méchants chiens méchants !
    8
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Gudule
    Je transmets, je transmets ! Phiphi va être ravi d'avoir tant de supporters !
    9
    Nadege
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Nadege
    A bas les maîtres/maîtresses irresponsables aussi. J'ai une chienne qui s'attaque aux petits chiens, aux chats et aux oiseaux, je ne la laisse pas courir en liberté. Un chien doit être tenu en laisse ne serait-ce que pour sa sécurité vis-à-vis des véhicules à moteur.
    10
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Gudule
    Ben tu sais, c'est ce qui m'a séduite, quand j'ai découvert ce village : quasiment pas de voitures mais plein de chiens très gentils se baguenaudant librement dans les rues. Les bagarres sont tellement rares que dès qu'on entend aboyer, tout le monde se précipite aux fenêtres. L'antipathie de Brigand pour Phiphi est une chose exceptionnelle. Dans l'ensemble, les relations des chiens sont à l'image de celles des habitants : courtoises, voire amicales, ou distantes avec élégance.
    11
    Ryko le hutin
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Ryko le hutin
    En suivant, les traces de Mêo qui suivait celles de Castor, je suis tombé sur celles de Phiphi. Faut lui dire qu'il y a eu les élections, ça devrait le rassurer...
    Bonjour Gudule. Très heureux de faire ta connaissance.Heu.. on peut faire des sauts de lignes, ici ?
    12
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:45
    Gudule
    Saaalut, Ryko, ravie de voir débouler la tribu du Castor. Je passerai le message à Phiphi, mais j'ignore si l'info lui sera d'un quelconque intérêt. Depuis que son ennemi est passé sur le billard, il se porte à ravir. C'est une manière légèrement expéditive - et pas tellement démocratique — de faire de la politique, n'est-ce pas ?
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