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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 153
La procession
— Tu seras parfaite en petit ange, m’avait dit monsieur le curé.
C’était le plus beau compliment qu’on m’ait jamais fait. Lors, j’essayai la longue aube blanche centurée d’or, les ailes de vraies plumes de poule, l’auréole maintenue au-dessus de ma tête par un bout de fil de fer, et tout le monde s’exclama :
— Elle est parfaite en petit ange.
J’avais six ans, et la procession du 15 août, au Thier-à-Liège, c’était quelque chose, vous pouvez me croire !
— Tu répandras des pétales de roses devant la statue de la Sainte Vierge, me dit encore monsieur le curé.
Des pétales de roses ! J’en pétais de fierté !
Mes copines Josiane et Ginette étaient drôlement jalouses, elles qui se contentaient de chanter des cantiques, en robe du dimanche ! Mais bon, moi, je venais de Bruxelles, cela me conférait certains privilèges. Et puis ma mère, jadis, avait été institutrice dans la commune...
Bref, ce fameux 15 août serait mon jour de gloire à moi. J’y pensais sans cesse, j’en rêvais la nuit ; s’il est, dans la vie, un moment magique, c’était bien celui-là. Je savais qu’à l’instant où démarrerait la procession, j’atteindrais, au sens propre du terme, le Nirvanâ.
Sauf que la veille, j’attrapai la rougeole.
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Commentaires
1Benoît BarvinMercredi 30 Mai 2012 à 08:26Répondre
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#%!°#!!! de connexion ! 2 jours que ça merdouille, blood'n guts !4logarithmeVendredi 29 Août 2014 à 13:465GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:46
@Logarithme : c'est bien le but : mettre en commun tous les petits désagréments de la vie et se dire qu'on est tous pareils... Merci d'avoir mis le doigt dessus !6guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:46
Sinon, ben ça me va pas mal, l'auréole, figure-toi. Et c'est assorti à ma salopette.7GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:46
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