• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 152

    Adultère

      Tromper son mari n’est pas chose aisée, quand on est fidèle par nature. Mais bon, quelquefois, c’est thérapeuthique. Comme, depuis des années, mon ménage battait de l’aile, je me résolus un jour à tenter l’aventure. Histoire de retrouver des émois oubliés, et, surtout, de pleurer sur l’épaule de quelqu’un.

             Le problème c’était : où trouver l’oiseau rare ? Dans nos relations communes, personne ne me plaisait. En revanche...

             J’avais tourné, quelques semaines auparavant, un roman photo pour Fluide glacial. Parmi mes partenaires se trouvait un barbu d’un grande douceur — et très beau, qui plus est — avec lequel j’avais immédiatement sympathisé. Il se nommait Alain. Nous nous étions revus à l’une ou l’autre soirée, toujours avec le même plaisir. Je le savais célibataire, et j’avais son adresse...

             Profitant de l’absence d’Alex, en festival BD à l’autre bout de la France, je me pointe donc chez lui sur le coup des neuf heures, déguisée en pomme d’amour.

             Je sonne ; il vient m’ouvrir, s’étonne, me fait entrer.

             — Je ne te dérange pas ?

             — Non, j’attends un copain. Je t’offre un verre ?

             Et comment ! Pour mener mon entreprise à bien, il me faut au moins un double scotch !

             Comme s’il voulait me faciliter les choses, mon hôte met un disque de Sinatra et m’invite à danser. Je suis en pleine manœuvre de séduction quand on sonne à la porte.

             — Ah ! s’exclame Alain.

             Et il me plante là pour courir se jeter dans les bras de l’arrivant, un autre barbu vêtu de cuir. Puis ils échangent un long baiser...

     

             J’ai passé une soirée adorable, entre eux deux. On a chanté, on a ri, on a grignoté des petits trucs sucrés, on a beaucoup bu. Vers deux heures du matin, ils m’ont fourrée dans un taxi et je suis rentrée chez moi, intacte — mais foutrement réconfortée.

             Trente ans plus tard, nous sommes toujours amis.

              

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  • Commentaires

    1
    Lundi 28 Mai 2012 à 08:18
    Benoît Barvin
    Je vois de qui vous parlez, Chère Soeur, et c'est vrai qu'il a toujours été adorable, dans le travail, s'entend, car je ne l'ai rencontré qu'une fois. J'aimerais d'ailleurs savoir ce qu'il devient... Ceci dit, Chère Soeur, c'est vrai quand même que vous êtes un brin naïve: un moustachu/barbu, dans le milieu érotique ou humoristique, Parisien de surcroît, gentil - ah, gentil!!! -, ben, ça ne vous a pas mis la puce à l'oreille... On vous aime, justement, pour votre rafraîchissante naïveté - qui est l'antichambre de la Sainteté, comme chacun sait...
    2
    Lundi 28 Mai 2012 à 09:15
    Benoît Barvin
    Triste nouvelle, c'est vrai, car chaque fois que je l'entendais au téléphone, sa voix chaleureuse me remontait le moral...
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    3
    Lundi 28 Mai 2012 à 11:24
    Castor tillon
    Mince alors, s'il y a des trucs que je lisais peu ou pas dans "Fluide", c'étaient les romans-photos. Je me rappelle vaguement Yves Frémion en mini-jupe, ou à poil... J'aurais préféré des belettes.
    Jolie solitude, très attendrissante. Shabbazz, je me rappelle, je suis désolé pour ton ami.
    4
    Jeudi 26 Juillet 2012 à 05:40
    Castor tillon
    http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/26//12072605424014328910142864.jpg

    http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/26//12072605435114328910142865.jpg

    http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/26//12072605451014328910142867.jpg

    http://nsm05.casimages.com/img/2012/07/26//12072605463614328910142868.jpg

    J'ai retrouvé un Fluide Glacial de 77. Je pense que ça te fera plaisir de revoir ton ami.
    5
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    Hélas, cher frère, le Shabazz dont j'annonçais la disparition il y a une quinzaine de jours, c'est lui. Shabazz était son pseudo d'écrivain (il avait publié deux livres aux éditions H&0). Il vivait à Toulouse depuis une quinzaine d'années et nous nous voyions très souvent. Mais ses graves problèmes de santé lui rendaient la vie de plus en plus pesante, et il a décidé d'en finir.
    Désolée d'attrister ta journée par cette nouvelle.
    6
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    Les vieux lecteurs de Fluide Glacial le connaissent bien, puisqu'il posait dans quasiment tous les romans photos de Bruno Léandri, sous le nom de "Mantegazziani".
    7
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Odomar
    L'histoire est géniale !

    A propos des commentaires, notons simplement (en toute modestie) qu'on peut être barbu, gentil, intelligent, et hétéro.
    8
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    Tu en es le meilleur exemple, cher Odomar !
    Sinon, à propos de l'histoire, elle m'a inspiré un passage de "L'amour en chaussettes". L'héroïne qui drague son prof d'art plastique, se pointe chez lui à l'improviste... et se retrouve en face de son "mari". Comme quoi, nos expériences influencent vraiment nos livre !
    9
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    Yves ? Ah oui, il était à poil. Mais c'était un acteur occasionnel. Mantegazianni était carrément dans TOUS les romans photos (ou peu s'en faut) !
    10
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    gudule
    C'est adorable de ta part. Là, Alain ne portait pas encore la barbe. C'était deux ou trois ans avant notre rencontre. Et ça me touche toujours de le revoir si jeune, si plein de vie, lui qui a claqué la porte il y a quelques mois sans même prendre le temps de dire adieu à ses amis...
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