• GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 151

    Edgar P. Jacobs

     Encore une histoire de dédicace. En cette anées 1953, une attraction peu banale attirait les foules au Salon de l’Enfance de  Bruxelles. Le dessinateur Edgar P. Jacobs réalisait « en direct » les planches du Mystère de la Grande Pyramide à paraître dans le journal Tintin. Et le dimanche après-midi, il dédicaçait ses albums.

             Les enfants qui n’en avaient pas (d’album) repartaient quand même avec un dessin, sur une feuille volante. J’étais de ceux-là, puisque tous les Blake et Mortimerde papa, ami de longue date, étaint déjà dédicacés.

             Je me glissai donc dans la file de gamins pour avoir mon dessin. Ça en valait la peine ! Car Edgar P. Jacobs ne se contentait pas de gribouiller un personnage vite fait, il le chiadait, le colorait sans dépasser, bref nous faisait cadeau d’un vrai petit chef d’œuvre !

             Après une bonne demi-heure d’attente, arriva mon tour. Et le maître me dit à voix basse :

             — Laisse ta place à quelqu’un d’autre, ma petite Anne. Toi, je t’en enverrai un à la maison.

             Je repartis donc, les mains vide, avec le sentiment d’être injustement punie. Et devant tout le monde, en plus ! Parole d’honneur, je ne me suis jamais sentie aussi frustrée !

             Deux jours plus tard, un dessin me parvenait par la poste. Je ne l’ai même pas regardé.

    E.P.JACOBS-copie-1

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  • Commentaires

    1
    Samedi 26 Mai 2012 à 07:26
    Benoît Barvin
    Ah, cette ingratitude enfantine... Ou, déjà, de l'antimilitarisme primaire (car l'antimilitarisme, comme l'antisarkozysme, antireligiosisme (barbarisme, mais j'aime ça), et tous les anti intelligents (du moins je crois), en plus d'être primaires (ce sont les Autres qui le disent), nous font quand même faire des bourdes qu'on a la sagesse, ensuite, de confesser. Chère Soeur, il vous sera beaucoup pardonné car vos confessions sont très rafraîchissantes (en ces nouveaux temps de canicule, c'est d'un grand réconfort)!
    Ceci dit, joli dessin, ma foi...
    2
    Samedi 26 Mai 2012 à 08:45
    Benoît Barvin
    Mais je le reste, amateur du grand Jacobs... Etonnemment, l'histoire qui m'a le plus impressionné, c'est S.O.S météores, avec cette pluie incessante, ce côté brumeux... moi qui habitais alors l'Afrique bien sèche (pendant les 6 autres mois il pleuvait comme vache qui pisse, mais pas de cette manière triste, maussade, angoissante)... Et puis, après, j'ai repéré les traits de Gérald Forton dans "L'affaire du collier" (un des moins bons, hélas, des Jacobs), mais qui aurait dit que, plus de 40 ans après, j'allais travailler avec le sieur Gérald (un homme charmant et talentueux quand il l'a décidé)! Ce que c'est que la VIE, hein, ma Bonne Dame!!!
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    3
    Samedi 26 Mai 2012 à 23:28
    Castor tillon
    Normal, le dessinateur a cru bien faire en gagnant un peu de temps pour les autres enfants, mais pour un gamin, c'est une frustration terrible. J'ai vécu un truc similaire étant petit, et c'est vrai qu'on ne capte pas les considérations des adultes.
    Quand j'étais en colo, les moniteurs nous avaient passé le disque de "la marque jaune" un soir, et ça nous avait terrifiés.
    De Gérald Forton, je me rappelle surtout "Jacques Flash", l'homme invisible, et bien sûr "Teddy Ted", dans "Vaillant".
    4
    Samedi 26 Mai 2012 à 23:31
    Castor tillon
    Il est très beau, ton dessin, Nanette.
    5
    Dimanche 27 Mai 2012 à 10:40
    Castor tillon
    Ne t'inquiète pas, c'était mon cas aussi. Maintenant, nous allons beaucoup mieux.
    6
    Lundi 28 Mai 2012 à 10:52
    Castor tillon
    Comme si une personnalité bis ne suffisait pas, mon enfant erre et dit ter.
    7
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    N'est-ce pas ! Tu as dû, toi aussi, en ton temps, être un adepte du Grand Edgar ?
    8
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    J'ignorais que Forton avait travaillé sur "L'affaire du collier". Il faut dure que, celui-là, je l'ai lu bien plus tard, une fois adulte. Moi, ce qui m'a le plus frappé, c'était, bien sur "Le secret de l'Espadon" puisque mon papa à moi avait travaillé sur ce prototype, comme il l'avait fait pour la Licorne d'Hergé.
    J'ignorais aussi que tu avais travaillé avec Forton (l'insondable profondeur de mon ignorance me donne le vertige) dont je possède quelques très beaux originaux, qui m'ont été donnés par feu Raymond Maric, qui fut durant 40 ans le rédacteur en chef des "Pieds nickelés".
    9
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    C'est comme ça qu'on m'appelait quand j'étais petite. Pfff, avec tous ces noms, surnoms et pseudos que je me trimbale, je finis par m'y perdre. Est-ce qu'on appelle la polischyzophrénie, docteur Castor ?
    10
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    Oui mais le plus tragique, dans votre cas, chers Castor& Cie, c'est que c'est HÉRÉDITAIRE ! Votre descendance est déjà touchée...
    11
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Odomar
    @Gudule Pour remédier à ton(tes) ignorances(s), tu pourrais de temps en temps lire un des nombreux bouquins qui ont été consacrés à Jacobs, by Jove !
    12
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    Oups, qu'ai-je dit comme connerie ? Qu'ai-je dit ?
    13
    Odomar
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Odomar
    Ben, tu savais pas pour Forton et L'AFFAIRE DU COLLIER !!
    14
    Gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:46
    Gudule
    Re-oups ! En plus, j'ai lu le livre que tu as écrit sur lui, et pas seulement ! J'ai lu aussi l'Opéra de papier, d'Edgar Jacobs lui-même, et plusieurs autres dont j'ai oublié le titre et l'auteur. Et... et... ben ça m'était sorti de l'esprit. C'est ça, les vieilles dames : on cultive à fond la mémoire sélective. On se souvient des yeux d'un beau jeune homme (ou du charme discret de sa bourre-joisie) et on oublie le co-auteur d'un livre. La honte soir sur moi !
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