• grands moments de solitude 146 (tome 2)

                                                               L’affiche rouge

     

             Cette magnifique chanson recélait un mystère qui, durant des années, m’intrigua. Il résidait dans ces trois vers :

             Marie-toi, sois heureuse et pense à moi souvent,

             Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses

             Quand  tout sera fini plus tard, en Érivan.

           Moi, je comprenais : « Quand tout sera fini, plus tard, en érivant ». Or, j’avais beau fouiller le dictionnaire et l’Encyclopédie Universelle, pas la moindre trace du verbe « ériver ».  « Dériver », oui (ou à la rigueur « écrire »), mais pas « ériver ». Que pouvait bien signifier cet étrange participe présent ?

             À force d’interroger mon entourage, je finis cependant par obtenir une réponse.

             — Érivan, c’est la capitale de l’Arménie, m’expliqua un ami libanais ; ce n’est en aucun cas un verbe.

             J’en restai sur le cul. Certaines confusions orales sont, pour un auteur, de véritables pièges qui, non seulement altèrent son propos mais peuvent aussi le rendre incompréhensible.

             Ainsi, l’infîme maladresse de Louis Aragon, adaptant en vers l’admirable lettre de Michel Manouchian à sa fiancée Mélinée, m’initia-t-elle aux subtilités de l’écriture, plus sûrement qu’un cours de linguistique !

     

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  • Commentaires

    1
    Yunette
    Lundi 3 Novembre 2014 à 19:30

    C'est en érivant qu'on devient ériveron !

    2
    Lundi 3 Novembre 2014 à 19:33

    et moi j'étais persuadée que le vers "et les mornes matins en étaient différents" en fait c'était "et les morts le matin en étaient différents" (ça collait aussi remarque^^) (mais Erivan pour c'était en écrivant^^)


    ce poème, il est pas mal pour perdre les cruchettes

    3
    Lundi 3 Novembre 2014 à 20:21

    @Jeanne : ah ah ah, j'adore ce genre de ptite gourance ; je les avais répertoriées, à une époque : il y avait (entre autres) la bergère Vitalon (drôle de nom pour une bergère) dans "il pleut, il pleut bergère", et l'affreux Malgagna dans "La java du diable" de Charles Trenet, et puis aussi "Séféro, ce soldat" dans La Marseillaise.Mais j'avoue que ton histoire de morts le matin m'a bien fait rire !

    @Yunette   : on peut devenir ériverain, aussi ! ceci dit, si Léo Ferré avait prononcé "en Érévann" plutôt que de s'agripper furieusement à sa rime, il n'y aurait pas eu de confusion possible. Mais bon, on n'aurait pas eu droit aux "riverains d'Érivan", ce qui aurait été dommage.

    4
    Yunette
    Lundi 3 Novembre 2014 à 21:50

    J'ai longtemps cru que "mords moi le noeud" était un seul mot... comme un bachibouzouk du capitaine Haddock, quoi ^^ (mormoilneu)... donc je l'utilisais beaucoup étant gamine...
    J'ai le souvenir d'un mélange comme ça dans une chanson... mais je n'arrive plus à mettre le doigt dessus. J'adore la langue française, et j'aime encore plus ces petites révélations. C'est... jouissif, quand on découvre ça !

    5
    Lundi 3 Novembre 2014 à 23:22

    Yunette, on a quand même eu, courant 70, un journal de BD intitulé "Mormoil" en hommage à cette gracieuse expression ; ça officialise, quand même ! Sinon, ta chanson, là, c'était pas du Pierre Vassiliu ? Sa femme, Marie, qui fut longtemps sa parolière s'était fait une spécialité de ces expressions grivoises.

    6
    Yunette
    Lundi 3 Novembre 2014 à 23:25

    Courant 70, je n'étais pas née ! ^^ (j'ai été conçue le soir de la mort de Brassens, parait-il... et je crois qu'il était l'auteur de cette chanson que j'avais mal comprise ^^)

    7
    Lundi 3 Novembre 2014 à 23:56

    ce fut un bien joli hommage à ce merveilleux écrivain ! tes parents avaient le sens du merveilleux !

    8
    Yunette
    Mardi 4 Novembre 2014 à 00:00

    *tousse* Ouais, on y reviendra, sur le sujet des parents :D C'est toute une histoire chez moi !

    9
    Mardi 4 Novembre 2014 à 00:32

    houuu, Yunette, je ne voudrais pas me mêler ! Mais procréer une écrivaine le jour de la mort de brassens, c'est habile, tout de même !

    10
    Yunette
    Mardi 4 Novembre 2014 à 08:05

    C'est que ça rend triste, une telle nouvelle ! (Si j'pouvais être son héritière spirituelle, tiens ^^)

    11
    Mardi 4 Novembre 2014 à 08:22

    Allez, on dit "sa réincarnation" et on n'en parle plus.

    12
    Yunette
    Mardi 4 Novembre 2014 à 08:24

    J'aime bien négocier avec toi, ça paye ! :D
    (bon, moins pour mon écran, le thé, il n'aime pas, quand je le recrache en éclatant de rire)

    13
    Mardi 4 Novembre 2014 à 08:46

    hi hi, c'est assez joli les écrans pointillistes !

    14
    Mercredi 8 Avril 2015 à 17:26

    "Séféro, ce soldat"... Deuxième éclat de rire, heureusement, je ne buvais pas de thé ^^

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