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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 131
Talons aiguilles
Dans les années soixante, la mode était aux talons aiguilles, ce qui m’arrangeait bien vu mon mètre 57. Je portais donc, qu’il pleuve, neige, vente ou qu’il y ait du verglas, des escarpins d’au moins dix centimètres de haut. Ils me donnaient le sentiment d’être une grande bringue (mon rêve !), et sexy de surcroit (mon rêve aussi).
La maternité ne changea pas mes habitudes. Le départ au Liban non plus.
Me voilà donc au cœur de Beyrouth, juchée sur mes échasses. Les rues du centre ville sont assez cahotiques. De grosses pierres inégales en tapissent le sol, principalement autour de la place des Canons où règne une circulation d’enfer. Mon bébé d’un mois sur les bras, je louvoie entre les voitures quand mon talon se prend dans une ornière, et c’est le vol plané. Je me retrouve à plat ventre au beau milieu de l’artère principale, Frédéric hurlant à côté de moi, au niveau des pneus et des pots d'échappement. Des passants se précipitent, on me relève, on ramasse mon bébé. Il a une grosse bosse, et je pleure à chaudes larmes en essayant de le consoler.
La chute n’eut, par bonheur, aucune conséquence, mais à dater de ce jour, je n’ai plus porté que des tongs.
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Commentaires
Il m'est arrivé une fois que ma fille tombe par ma faute, étant toute petite. Plus de peur que de mal, mais on se sent vraiment au-dessous de tout.