• grands moments de solitude 128 (tome 2)

                                                                     Amsterdam 

     

             A l’époque de Pubnou,* Pasqua régnant en maître sur la presse dite « de charme » taxait outrageusement les photos de couvertures, ce qui mit en faillite nombre de nos fournisseurs. Dès lors, la Française nue n’étant plus dans nos prix, force nous fut de taper dans la belle étrangère, voire la nymphe exotique. Nous prîmes donc contact avec des entreprises allemandes et néerlandaises où l’image érotique était en vente libre, et le patron nous dépêcha sur place, la maquettiste et moi, afin de faire le tri dans les milliers d’ektas que l’on nous proposait.

             Comme cette mission requérait un membre supplémentaire, Sylvain s’offrit à nous accompagner. Bref, ce fut un bien curieux trio qui débarqua ce jour-là à Amsterdam. Coincé entre Greta, immense sexagénaire au look de walkyrie et à l’accent teuton, et Gudule, petite Belge frisottée en salopette Oshkosh, Sylvain, d’un naturel plutôt discret, ne passa pas inaperçu : Greta dévalisait les coffee-shop’s, moi les marchés aux puces, et lui-même trimballait dans deux attaché-case, un nombre impressionnant de diapos sexy.

             C’est dans cet équipage que nous regagnâmes Paris.

             Perso, vu le matos que nous transbahutions, je flippais un peu, à l’aéroport. Mais l’ambiance d’alors était au laxisme et, comme mes compagnons de voyage ne stressaient point, je rengainai mes inquiétudes pour me concentrer sur mon acquisition : un Arlequin de dentelle entièrement animé (œuvre d’une artiste locale), que j’assis sur mes genoux et dont j’actionnai le mécanisme, au grand amusement des autres passagers.

             Nous passâmes la douane sans le moindre pépin et, une fois à Paris :

             — T’as pas eu la trouille avec ton chichon ? demandai-je à Greta.
             Elle secoua négativement la tête.

             — C’est vrai qu’à ton âge, qui te soupçonnerait ?

             — Ce n’est pas ça, mais je n’avais rien sur moi.

             — Ben c’était où, alors ?

             — Dans l’Arlequin.

             — QUOI ?

             — Pendant l’embarquement, j’ai retiré son chapeau et tout mis dans son crâne : il y avait juste la place.

             Je crus que j’allais l’étrangler.

             — Tu m’as fait prendre des risques pareils sans m’avertir ? T’es inconsciente ou quoi ? Et si les flics m’avaient fouillée ?

             — Ça n’a pas été le cas, alors de quoi te plains-tu ? « Aux innocents les mains pleines », comme on dit.  En ne t’avertissant pas, je t’ai protégée, ma vieille. Tu imagines ta tête, si tu avais su ? Ç’aurait été un coup à te faire gauler, ça !

             Ouaip, à la réflexion, j’aurais dû l’étrangler.

          

              * (voir chapitre 113 et 176  du présent recueil)

     

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 17 Octobre 2014 à 18:12

    Arlequin passeur de teuche. Mais qu'allons nous raconter aux enfants, maintenant ! ;-)


     

    2
    Vendredi 17 Octobre 2014 à 18:30

    à mon avis, la prochaine fois qu'ils verront une marionnette, ils vont décoller, ces chers petits !

    3
    Mercredi 22 Octobre 2014 à 15:22

    Ah ben oui, c'est quand même mieux ici que chez over-dose-de-pube ^^ Je reviendrai demain pour la suite. La Vachequirit à l'accent teuton et tutti quanti !

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    4
    Mercredi 22 Octobre 2014 à 16:18

    a d'main, Didier !

    5
    Samedi 21 Février 2015 à 20:44

    Hé, hé : la boulette c'est dans la marionnette ^^

    6
    Mardi 24 Mars 2015 à 19:35

    Ah, j'ai retrouvé la piste je crois...

     

    Pour, note pour plus tard, mémoriser la période du texte plutôt que la page ^^

    Et utiliser le calendrier de ton blog aussi !

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