• grands moments de solitude 125 (tome2)

                                                                L’Ardente maîtresse

     

             M. Monestier, le proprio de Marraine, avait une maîtresse. Je le savais parce qu’un jour, en croisant une grosse dame dans les rues de Stavelot, ma copine Nicole m’avait dit : «  Tiens, voilà la maîtresse de monsieur Monestier ! »

             — Il va encore en classe, à son âge ? m’étais-je naïvement étonnée.

             — Pas une maîtresse d’école, andouille ! Une maîtresse tout court. Tu ne sais pas qu’une sale femme qui fait zig-zig avec un homme sans être mariée, c’est sa maîtresse ?

             J’en pris bonne note. En fait, cette révélation tombait à point nommé pour résoudre un mystère qui me tarabustait depuis le début des vacances. Car, bien que sa maison soit louée, M. Monestier y habitait toujours. Il avait gardé son ancienne chambre, devenant, en quelque sorte le colocataire de ses locataires. Or, chaque dimanche matin, la grosse dame débarquait après la messe, et ils s’enfermaient dans cette pièce minuscule, les volets clos même quand le soleil brillait.

             Parole d’honneur, je n’aurais pas aimé être à leur place !

             Un jour, n’y tenant plus, je demandai à Marraine :

             — Qu’est-ce que qu’ils font, dans la chambre, monsieur Monestier et la grosse dame ? Ils s’embrassent, tu crois ? 

             Elle eut un sourire attendri.

             — Tes parents, que font-ils, le dimanche après-midi ? répondit-elle.

             — Ben… la sieste, en général. Et des fois, papa lit son journal pendant que maman tricote.

             — Eh bien, eux, c’est pareil.

             Imaginez ma déception ! Toutes mes illusions s’envolaient d’un coup. C’était bien la peine d’avoir une maîtresse (une sale femme qui faisait zig-zig sans être mariée)  pour s’ennuyer autant que papa et maman !

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 14 Octobre 2014 à 20:30
    Tororo

    Mais, quand on s'aime vraiment très très fort, on peut éprouver une joie inexprimable à regarder simplement la personne qu'on aime tricoter? ou lire le journal? ou faire la sieste? non? Dans ce cas précis ça vaut la peine de réserver une chambre strictement à cette activité (mais si cette condition n'est pas satisfaite, je rejoins la petite Gudule: autant regarder passer les trains).

    2
    Mardi 14 Octobre 2014 à 20:41

    sans compter que la petite gudule ne se contente pas de regarder passer les trains : elle adore aussi raconter des histoires, cochonnes de préférence

    3
    Yunette
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 01:08
    Un jour, j'ai trouvé une capote usagée de mes parents... ma mère m'a dit, sans regarder, de mettre ça à la poubelle, elle croyait qu'il s'agissait de l'emballage...
    Hem ^^
    Sinon... première lecture étrange, 10 ou 11 ans, tombée sur un hara kiri (je crois) de mon papa, c'était assez trash, mais j'ai lu toutes les bd ! Je m'en souviens encore de la zigounette à visage humain et de la fille qui faisait des trucs pas nets avec son chien en se mettant de la pommade pour le rendre fou...
    Et on se demande pourquoi j'écris des horreurs, hein ? ^^
    4
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 09:03

    hi hi, mes gosses ont grandi avec hara-kiri et ils sont terriblement normaux, équilibrés, bons parents, tout ça. Mais je dois dire que le coup de la capote est assez poétique. Y aurait matière (!) à une jolie solitude, dans cette petite histoire.

    5
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 09:07

    tororo, des fois, il y a des étoiles dans tes coms ! ta "joie inexprimable" à regarder quelqu'un que tu aimes tricoter a fait chanter mon blog, au réveil. Il en faudrait plus, des humains comme toi sur cette pauvre terre !

    6
    Yunette
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 11:52

    Ce fut en effet un bon moment de solitude... je l'ai d'ailleurs jetée... Ce n'est qu'il y a peu que j'en ai reparlé à ma mère ^^ (et ce fut son moment de solitude à elle ^^)

    Un jour je ferai des chroniques familiales... Mais parait que vu ce qui a construit ma vie, pour l'instant, ça ne serait pas crédible... Trop c'est trop :D

    7
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 12:07

    bah, du moment que c'est drôle et raconté avec du recul, on n'en fout un peu de la crédibilité

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    8
    Yunette
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 12:40

    Ah c'est le côté drôle qui va pécher, je crois, faut que je travaille ça....
    J'ai une (légère) tendance à écrire du ... sombre, dirons-nous. Ce qui, pour une optimiste telle que moi, est plutôt comique, au fond ^^

    9
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 12:45

    l'humour noir, c'est le meilleur, non?

    10
    Yunette
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 16:12

    Mais c'est même pas drôle !

    11
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 18:24

    pas drôle ? Hu ?

    12
    Yunette
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 19:12

    Ce que j'écris ! C'est noir, mais sans humour ^^

    13
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 19:20

    tu rigoles ? Yunette !

    14
    Yunette
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 19:21

    Ou alors je ne fais pas exprès...

    Ouais, ça doit être ça ^^ (en même temps, quand j'essaie l'humour exprès, c'est pourri ^^)

    15
    Mercredi 15 Octobre 2014 à 20:51

    Sûr! l'humour, c'est comme le plaisir : quand on se force, ça rate et on a l'air d'un con

     

    16
    Samedi 21 Février 2015 à 20:36

    Le colocataire propriétaire... Ça sonne bien comme appellation !

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