• grands moments de solitude 110 (tome 2)

                                                      Comme un garçon (bis)

     

           Quand Betty avait picolé, on ne la tenait plus. Son trip, c’était de pisser dans la rue. On sortait d’un bar en plein centre de Paris ; un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche, et hop ! elle s’accroupissait derrière les voitures, le jean sur les chevilles et urinait jusqu’à plus soif ; le tout accompagné d’un rire inextinguible, car elle avait le vin gai.

             — Si au moins tu portais de grandes jupes, lui répétais-je sans cesse, ce serait plus discret ; ça cacherait ton cul !

             Mais rien à faire : les jupes, elle détestait ça.

             Loin de moi l’idée de l’en blâmer, mais tout de même : quand je montais la garde, je n’étais pas tranquille. Au moindre bruit, je sursautais, scrutant l’obscurité à m’en faire péter les orbites. Et je ne vous dis pas comment je serrais les fesses. Pire que si la vessie rebelle était la mienne  !

             Cette fois-là, on s’était pintées à L’Abreuvoir, (le grand troquet de la rue Mouffetard, où ils font des Kir à se rouler par terre). Tout le monde sait que le blanc-cass, en grande quantité, c’est très diurétique. Donc, ma Betty pissait comme vache qui pleut quand soudain deux jeunes types se pointent dans le noir.

             Devant le spectacle qui s’offre à lui, le premier s’arrête net. Mais, trompé par la position de Betty (chez les mâles, quand on s’accroupit, ce n’est pas pour pisser), il ne réalise pas qu’il s’agit d’une jeune fille.

             ­ —Viens vite voir ça, Momo, crie-t-il à son copain : y a un connard qui moule un cake sur ton pare-choc.

             L’autre se précipite, prêt à en découdre, alors Betty, sans se démonter :

             — Gaffe à tes fesses, Momo, l’apostrophe-t-elle, royale. Ton pote fait pas la différence entre un derrière de fille et un derrière de mec. Je serais toi, je me méfierais.

             L’allusion ayant détourné le cours de leurs pensées,  les gars  s’éloignent derechef. Je remarque cependant que le dénommé Momo s’écarte subrepticement de son compagnon, ce qui laisse à Betty le temps de se rajuster avant de re-rentrer dans le troquet, hilare.

     

             Comme quoi, le culot, ça paye, même quand on est déculottée !

     

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  • Commentaires

    1
    Delphine-Laure
    Lundi 29 Septembre 2014 à 20:07

    Je crois que j'aurais dû boire davantage.  Je n'ai jamais bu à vrai dire. Oui, ça étonne toujours. J'aurais plus de souvenirs rigolos. Mais peut-être que je ne m'en souviendrais pas. Et puis, si j'ai bien compris, ce qu'il faut, c'est avoir une copine qui boit, et bien tenir soi-même l'alcool. Donc une copine qui boit... Je ne participe pas beaucoup mais vos billets déclenchent à chaque fois une flopée de réflexions dans ma tête, Gudule ! Et qu'est-ce que vous me faites rire !

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    2
    Lundi 29 Septembre 2014 à 21:11

    c'est vrai que betty avait une bonne descente, mais faut dire qu'à l'époque, nous étions toute une petite bande de trentenaires qui ne crachions pas sur les soirées bien arrosées. Pas d'ivrognes parmi nous, juste  des joyeux drilles, et du coup, je garde de ces années rigolotes  des souvenirs charmants !

    3
    Delphine-Laure
    Mardi 30 Septembre 2014 à 02:27

    Merci de les partager avec nous !

    4
    Vendredi 6 Février 2015 à 17:58

    Hé, hé, joli paradoxe !

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