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GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE 105
Nous, les amoureux
En 1961, Jean-Claude Pascal, au faîte de sa gloire, a un malaise sur scène en interprétant sa chansons fétiche « Nous, les amoureux ». En classe, on ne parle que de ça. Forcément : nous en sommes toutes « bleues », comme on dit alors.
— Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? nous demandons-nous avec inquiétude.
— Il a trop fait l’amour, assure Agnès, une redoublante particulièrement délurée.
Je n’ai pas la moindre idée de ce que ça signifie, mais l’expression me plaît. Et elle convient au personnage, qui incarne à ravir le prince charmant de mes rêves.
Au repas suivant, toute fière de mon scoop, je claironne :
— Je sais pourquoi il s’est évanoui, Jean-Claude Pascal. C’est parce qu’il a trop fait l’amour !
Le résultat dépasse mes espérances. Mes deux grands frères s’étranglent dans leur potage, maman manque de lâcher la soupière, et papa me retourne une gifle en beuglant :
— Tu n’as pas honte ? Des horreurs pareilles, dans la bouche d’une jeune fille !
Moi qui voulais me rendre intéressante, c’est réussi.
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Commentaires
1benoît barvinDimanche 1er Avril 2012 à 07:58Répondre
J'ajouterai qu'à 16 ans, ton éducation sentimentale a été sérieusement négligée !
Quelle analogie contemporaine pourrait-on trouver pour expliquer Jean-Claude Pascal à la petite classe? Justin Bieber? (mutatis mutandis, bien sûr).9guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4810guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:4811guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:48
@ Tororo : nan, toutes les soupières de la famille ont encore leurs oreilles - à ma connaissance, du moins.12guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:48
C'était aussi un jeune premier au cinéma. Il jouait des rôles d'amoureux (Dans Caroline Chérie, avec Martine Carole, entre autres : gros succès-mouchoir !)
@ Tororo : c'est surtout une équivalence de terme qu'il faudrait trouver. Je n'en vois pas. Le langage, au moins, s'est libéré, à défaut des individus...
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