• grands moments de solitude 100 (tome 2)

                                                                        L’instit

              Durant plusieurs années, j’ai novélisé la série  L’Instit pour le compte des éditions Hachette. Ce travail m’assurait un double avantage : un revenu régulier et sûr, d’une part, et la reconnaissance de mon travail par mes parents, de l’autre. Reconnaissance imméritée, je précise, puisqu’en dépit de mes dénégations, ils s’obstinaient à croire que j’étais l’auteure à part entière des scénarios. La chose leur plaisait d’autant plus que ces téléfilms prônaient des valeurs chrétiennes : charité, fraternité, solidarité, bonté envers les humbles, respect du prochain, etc.  Bien que ces valeurs soient également les miennes (à quelques nuances près), elles s’agrémentaient, dans mes bouquins perso, d’un zeste de rébellion contre l’autorité, d’une lichette d’anticléricalisme et de quelques pincées d’érotisme torride qui, à leurs yeux, les rendaient illisibles, sinon nocifs.

                 Tandis que L’Instit, ah la là, L’Instit !

                 Dans la maison de retraite où ils finirent leurs jours, ce sympathique personnage leur conféra une notoriété inespérée. Ils prêtaient les livres à leurs copains — dont ils buvaient les compliments comme du petit lait— , et, à chaque diffusion d’un nouvel épisode,  les invitaient à venir voir « le film de la petite » dans leur chambre. Un genre de ciné-club à la gloire de fifille, en quelque sorte

                 Cependant, dans la réalité réelle, tout n’était pas si rose. Les scénaristes et moi (un différent par épisode), n’étions pas toujours d’accord. Pour Aimer par cœur, par exemple…

                 Cet épisode traitait du sida et de l’exclusion dont souffraient les séropos, en milieu scolaire ou professionnel. Or, j’avais déjà abordé ce thème dans La vie à reculons qui m’avait valu de nombreux prix, en France ainsi qu’à l’étranger.

                — Je ne peux pas adapter ce scénario, expliquai-je à mon éditrice, car nous avons trop de divergences, l’auteur et moi). En le signant, je trahirais  mon propre livre, et ça me décrédibiliserait aux yeux de mes lecteurs.

                — Et si je vous laisse toute latitude de le modifier , suggéra l’éditrice, craignant pour son planning.

                — Dans ce cas, c’est différent : je ferai en sorte que les deux approches ne se contredisent pas. Mais êtes-vous sûre que Pierre P. (le scénariste) acceptera ?

                Elle m’assura que oui, mais me rappela le lendemain, toute confuse :
                 — Pierre P. est monté sur ses grands chevaux, quand je lui ai parlé de notre accord. Il exige de lire le manuscrit et refuse de signer le contrat si vos modifications lui déplaisent.

                Que faire, dans ces conditions ? Dénoncer mon contrat ? Me plier au scénar qui me portait préjudice ? Le choix était cornélien.
                Il ne le resta pas longtemps car, sitôt qu’il eût pris connaissance du manuscrit, Pierre P. me téléphona.

                — Merci, Gudule, me dit-il simplement. Tu as rendu sa virginité à mon texte. En fait, ce que tu as retiré, ce sont les ajouts « commerciaux » imposés par le metteur en scène et la production. Je m’y suis opposé en vain, et ton livre m’a donné raison. Il sera nettement meilleur que le film.

                 On m’a rarement fait de plus beau compliment.

     

    « grands moments de solitude 99 (tome 2)grands moments de solitude 101 (tome 2) »

  • Commentaires

    1
    Mardi 30 Décembre 2014 à 12:28

    Hé, hé, la patte de l'artiste, qui a su défaire pour ne garder que l'essentiel...

    2
    Mardi 30 Décembre 2014 à 12:32

    100, compte rond, je m'arrête là.

    J'ai noté l'adresse, je reviendrais..

    Quand ; je sais pas, je suis salement dispersée en ce moment mais je pense à toi, à ton Castor de copain (qu'est aussi le mien, et que j'ai délaissé tout autant que ton blog !) et à tes écrits toujours empreints de VRAIE vie... 

    Des bisous :)

    3
    Samedi 3 Janvier 2015 à 21:57

    t'as tout compris pata !

    4
    Samedi 3 Janvier 2015 à 22:01

    les solitudes, c'est ma survie ! et le présence du Castor m'incite à les concevoir. C'est un père formidable pour mes petites histoires !

    5
    Samedi 3 Janvier 2015 à 22:03

    a très bientôt, Pata !

     

    6
    Vendredi 6 Février 2015 à 17:25

    Hé ben il m'aura fallu un mois et un bon quart d'heure pour retrouver où j'en étais restée de mes lectures... 100, chiffre rond, certes, mais vu que j'ai délaissé tes publications, j'en ai remonté plusieurs des chiffres ronds de ce type ^^

    Et je suis spoilée quelques écrits du coup (dont une histoire de tonton doudou-soleil fort tendre) mais j'ai retrouvé la piste ouf !

    Et prochain coup, je mémoriserai la page plutôt ^^

    7
    Mardi 24 Mars 2015 à 18:42

    Oh non, je me suis déjà perdue ici !

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    8
    Mardi 24 Mars 2015 à 18:44

    Et annonce clairement ma future perte de repères... "Et prochain coup, je mémoriserai la page plutôt ^^"

     

              '-^

     

    Mais quelle blonde !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :