• grands moments de solitude 10 (tome 2)

                                                               Le singe

     

               En ce temps-là, les parcs d’attraction étaient rares. Et comme il fallait bien distraire les enfants, nous les emmenions souvent au zoo d’Ermenonville, à une dizaine de kilomètres de chez nous. Fallait-il que nous les aimions, nos mômes, pour nous farcir une telle corvée ! Car Alex et moi détestions les zoos dont l’ambiance carcérale nous sapait le moral.

               Ce dimanche-là, tandis que Frédéric et son père traînent du côté de la  fauverie, Olivier, six ans, me tire par la manche :

      Viens, on va voir les singes !

    Des singes ? Pourquoi pas ? Eux au moins n’engendrent pas la mélancolie. D’ailleurs, on entend  rire les visiteurs devant leurs grimaces, leurs cabrioles et (surtout !) leurs obscénités.

               Chose curieuse, cette foule hilare massée autour des cages, boude obstinément l’une d’entre elles, qu’occupe un chimpanzé aux mimiques pourtant rigolotes.

               — Chouette ! s’écrie Olivier, en se précipitant vers l’espace vide. Regarde, maman, ici, y a personne !

               Je le suis… et mal m’en prend, car une pluie de crachats nous accueille. Agrippé aux barreaux de sa prison, l’animal  trépigne de plaisir en mollardant avec entrain tout ceux qui passent à sa portée, et ce, pour la plus grande joie des spectateurs.

               Pas la mienne, hélas, car les jets de salive gluants qui dégoulinent de mes cheveux me font frémir de dégoût.

               Les visiteurs, en revanche s’esclaffent à gorge déployée.

               Mon mari, qui a assisté de loin à la scène, les fusille des yeux :

               — Personne ne t’a mise en garde quand tu t’es approchée ? s’indigne-t-il. Quelle bande de nazes ! Je m’en vais leur dire ma façon de penser, moi, à ces sagouins !

               Le sentant hors de lui, j’essaie de calmer le jeu.

              — Arrête, Alex ! Laisse-les se marrer si ça leur chante. On s’est assez donnés en spectacle pour aujourd’hui.    

               Trop tard. Comme il fonce vers l’attroupement — au risque de se couvrir de ridicule —, un glaviot fend l’espace, qui le manque de peu mais atteint un rieur de plein fouet.

               Chacun son tour ; niqué !

     

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 21 Juin 2014 à 23:36
    Castor tillon
    Il a été croisé avec un lama, ton chien panzé.
    Quand Alex fâché, lui toujours faire ainsi.
    2
    Samedi 21 Juin 2014 à 23:40
    Gudule
    Mouaaarf !
    3
    Dimanche 22 Juin 2014 à 14:47
    Mêo
    C'est ce que j'allais dire, le singe était croisé avec un lama. Bon Castor l'a fait.
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    4
    Dimanche 22 Juin 2014 à 23:00
    Tororo
    Mais qui a dit "tourniquet"? C'est Gudule ou c'est Castor?
    5
    Dimanche 22 Juin 2014 à 23:09
    Castor tillon
    C'est toujours le pauvre Castor qui est crédité des pires forfaits, tss.
    6
    Dimanche 22 Juin 2014 à 23:10
    Gudule
    Meunon ! C'est Gudule qui a copié Castor.
    7
    Lundi 21 Juillet 2014 à 17:05
    Pata
    Il maitrise l'art du mollard, ce chimpanzé !!
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