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grand moment de solitude 38 (tome 2)
La fiancée de Frankenstein
Lorsque j’étais enfant, d’aucuns affirmaient que, suite à une grosse peur — un cauchemar, par exemple —, on pouvait blanchir en une nuit. Cette idée m’enthousiasmait. Une chevelure blanche, à dix ans, quelle classe ! Ou même juste une mèche, comme la fiancée de Frankenstein...
Le problème, c’est que des cauchemars, je n’en faisais pour ainsi dire jamais. Afin de remédier à ce grave handicap, je pris donc l’habitude, avant de m’endormir, de me raconter des histoires horribles, dans l’espoir qu’elles perturbent mon sommeil.
En vain ; je ne rêvais que de choses belles et douces.
Par contre, les abominations que j’inventais nourrirent mon imagination, de sorte qu’une fois adulte, c’est tout naturellement que j’abordai les sombres rives de l’épouvante. Ce qui n’altéra pas mes cheveux pour autant. A soixante-sept ans, après une bonne centaine de romans d’horreur, je suis toujours aussi brune qu’à dix ans.
Frustrant, n’est-il pas ?
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Commentaires
J'aime le caractère implacable de tes conclusions, cher Tororo. On ne peut même pas dire que c'est tiré par les cheveux.
3JoëlleMercredi 6 Mai 2015 à 16:02Fausse brune-dans-ma-couleur-naturelle- assumée, puisque vraie blanche dissimulée depuis que j'ai vingt-cinq ans, j'adhère. Je te rouve classe de toute façon, et puisque ça t'a donné matière à écrire, on va pas se plaindre, hein...
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Bien sûr, blanche à dix ans, c'est classe... mais à soixante-sept ans, brune comme à dix ans, c'est classe aussi (puisque c'est pareil, sauf que c'est le contraire).