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grand moment de solitude 27 (tome 2)
Sans peur et sans reproche
Quand j’ai, à mon corps défendant, permis à Mélanie de regarder son premier film d’horreur (La nuit des morts-vivants, de Romero), je me suis mentalement traitée de tous les noms.
« Tu es en train de bousiller ta fille, me disais-je en moi-même. Sept ans, c’est bien trop tôt pour un spectacle pareil ! Si elle devient hystérique, mythomane ou hypocondriaque, ce sera ta faute, mère indigne. »
Eh bien, je me trompais : elle n’a jamais eu peur du noir ni des croquemitaines, et je ne connais personne de moins angoissé qu’elle. En voici un exemple parmi d’autres :
Cette année-là — elle devait avoir huit ou neuf ans —, nous passions nos vacances chez un copain, dans l’Aveyron. Il habitait, à flanc de colline, une baraque à moitié restaurée, à côté d’un hameau en ruine. Déjà ça, c’était pas mal flippant. Et que dire des toilettes ? Une petite construction au milieu des bois, à une bonne cinquantaine de mètres de la maison. Imaginez l’expédition, si un besoin pressant se faisait sentir, la nuit...
Or, c’était justement le cas. Et Sylvain qui dormait à poings fermés !
« Je ne vais quand même pas le réveiller pour qu’il m’accompagne, me dis-je en moi-même. J’aurais vraiment l’air d’une andouille. »
N’empêche, je n’en menais pas large...
Me voyant me lever en douce, Mélanie, qui partageait notre chambre, me demande où je vais.
— Au cabinet, mais ça me fout les jetons, tu peux pas savoir.
—Tu veux que je t’emmène ?
Joignant le geste à la parole, elle me prend par la main, m’entraîne tranquillement dans la forêt nocturne et, une fois à destination, m’attend devant la porte en observant la lune avec ravissement. Et lorsque je m’étonne :
—Tu n’as pas peur ?
Elle me répond suavement :
— Penses-tu ! J’en ai vu d’autres !
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Commentaires
Mélanie, elle a même pas peur des drones.