• grand moment de solitude 177 (tome2)

                                                            L’Ardente maîtresse

     

             M. Monestier, le proprio de Marraine, avait une maîtresse. Je le savais parce qu’un jour, en croisant une grosse dame dans les rues de Stavelot, ma copine Nicole m’avait dit : «  Tiens, voilà la maîtresse de monsieur Monestier ! »

             — Il va encore en classe, à son âge ? m’étais-je naïvement étonnée.

             — Pas une maîtresse d’école, andouille ! Une maîtresse tout court. Tu ne sais pas qu’une sale femme qui fait zig-zig avec un homme sans être mariée, c’est sa maîtresse ?

             J’en pris bonne note. En fait, cette révélation tombait à point nommé pour résoudre un mystère qui me tarabustait depuis le début des vacances. Car, bien que sa maison soit louée, M. Monestier y habitait toujours. Il avait gardé son ancienne chambre, devenant, en quelque sorte le colocataire de ses locataires. Or, chaque dimanche matin, la grosse dame débarquait après la messe, et ils s’enfermaient dans cette pièce minuscule, les volets clos même quand le soleil brillait.

             Parole d’honneur, je n’aurais pas aimé être à leur place !

             Un jour, n’y tenant plus, je demandai à Marraine :

             — Qu’est-ce que qu’ils font, dans la chambre, monsieur Monestier et la grosse dame ? Ils s’embrassent, tu crois ? 

             Elle eut un sourire attendri.

             — Tes parents, que font-ils, le dimanche après-midi ? répondit-elle.

             — Ben… la sieste, en général. Et des fois, papa lit son journal pendant que maman tricote.

             — Eh bien, eux, c’est pareil.

             Imaginez ma déception ! Toutes mes illusions s’envolaient d’un coup. C’était bien la peine d’avoir une maîtresse (une sale femme qui faisait zig-zig sans être mariée)  pour s’ennuyer autant que papa et maman !

     

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  • Commentaires

    1
    Catherine
    Dimanche 18 Janvier 2015 à 22:06

    Oh... ça n'a pas duré longtemps... je vous rassure!

    2
    Lundi 19 Janvier 2015 à 09:59

    euh, Catherine, qu'est-ce qui n'a pas duré longtemps?, le zig-zig?

    3
    Catherine
    Lundi 19 Janvier 2015 à 13:10

    Sûrement pas!!  Je parle des illusions envolées...

    4
    Lundi 19 Janvier 2015 à 21:14

    Je comprends maintenant pourquoi un de mes potes avait loué une garçonnière : pour pouvoir lire son journal, tricoter, et ainsi échapper à la hargne de sa virago de femme.

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    5
    Lundi 19 Janvier 2015 à 21:14

    En fait, t'as pas changé, ma vieille denrée : coquine tu fus, coquine tu es restée, et zig-zigueuse tu demeuras en dépit des illusions perdues et des ans bloblotants (toutes tares dont je suis personnellement affligée).

    6
    Mardi 20 Janvier 2015 à 10:45

    catherine, la "vieille denrée, c'est pas un petit nom désagréable, c'est juste un hommage à René FALLET DANS SON CHEF D'OEUVRE "la soupe au chou"

     

    7
    Catherine
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 00:36

    Bonsoir mon Gudulon,


    J'avais bien compris! J'apprécie néanmoins ta sollicitude au moins autant que tes hommages !


    Grosse bisouille clown

    8
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 10:33

    ahaa, chère Catherine, je vois avec joie que nous sommes aussi cul-turéel'une que l'autre !

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