• grand moment de solitude 174 (tome2)

                                                               Sale gosse

     

    Mon relieur adorait Brassens — auquel il ressemblait physiquement, rappelez-vous* — et dont il se sentait proche par l’anticonformisme, l’anticléricalisme, et la Mauvaise Réputation.

    Mais comme iI était un peu dur d’oreille, il ne saisissait pas toujours toutes les paroles. Dans La fille à cent sous, par exemple (qu’il appréciait particulièrement), lorsque Brassens chantait :

             « Et ce brave sac d’os dont j’n’avais pas voulu, même pour une thune,

             M’est entré dans le cœur, et n’en sortirait plus

             Pour toute une fortu-une »,il  comprenait : « Et ce brave sale gosse, dont je n’avais pas voulu… » Du coup, vu son refus de ma grossesse précoce, il se sentait directement concerné.

             — Le grand Georges a composé ces vers exprès pour moi, assurait-il. Il avait dû deviner ce que j’éprouverais. Quelle prémonition fulgurante ! Ah, c’était un sacré visionnaire !

             Puis, tapotant mon ventre d’une main paternelle : 

             — Sale gosse, va ! gloussait-il avec attendrissement.

             Je n’osais pas lui dire qu’ils étaient des millions, en France et en Belgique, à se reconnaître dans les paroles du moustachu. Individualiste comme il l’était, il n’eût guère apprécié l’amalgame. N’empêche que c’était le cas. Quel que soit le thème d’une chanson populaire, chaque auditeur y traque ses propres émotions,  et c’est justement ce qui fait son succès. Même chez les sourds !

            

              

                                       * (voir chapitres 63 et 64 du présent recueil)

     

    « grand moment de solitude 175 (tome2)grand moment de solitude 170 (tome2) »

  • Commentaires

    1
    Catherine
    Mercredi 21 Janvier 2015 à 13:52

    Frédéric est un sale gossseux!  Frédéric est un sale gossseux! Na na na nanèreux!

     

    Qu'est ce qu'il devient ce sale gosse beau comme Apollon?

    2
    Mercredi 21 Janvier 2015 à 17:46

    il fait Du cinéma, Cath, et il est toujours aussi beau (parole de mère rigoureusement objective)

    3
    Catherine
    Mercredi 21 Janvier 2015 à 18:37

    Je te crois! Et il est devant la caméra cet Adonis?

    4
    Mercredi 21 Janvier 2015 à 20:20

    les deux : il collectionne le matériel ancien et le vend dans sa boutique parisienne

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :