• grand moment de solitude 14 (tome 2)

                               Je ne serai jamais Mazo de la Roche

           En 2002, à la demande de mon éditrice de chez Grasset — et d’une lycéenne enceinte jusqu’aux dents rencontrée à l’île de la Réunion —, je réécris mon premier livre, Et Rose elle a vécu , en direction des adolescents. Travail à la fois éreintant, car il me replonge dans un épisode difficile de ma vie, et exaltant, puisque remettre au propre un texte déjà écrit est toujours un plaisir. Ainsi naît  La vie en Rose, titre dont je suis très fière bien que personne ne semble comprendre le jeu de mots (c’est une histoire de grossesse, allez, faites un effort !) Le livre est si bien accueilli, tant par le public que par la presse, que ça m’incite à lui donner une suite... et même plusieurs. Soleil Rose, paraît en 2003,  puis  La Rose et l’Olivier, l’année suivante. L’éditrice adore, des messages de lectrices enthousiastes déferlent sur mon site, oh, punaise, cette fois, je crois que je tiens le bon bout...

          Dans un état second, je m’attelle aux tomes 4 et 5, respectivement intitulés Le Rose et le noir et  Sous les pavés, la Rose (qui se passe en mai 68). Bon, j’avoue : le récit s’éloigne de plus en plus de la réalité. Seuls les personnages et quelques anecdotes sont authentiques, mais ça fonctionne. Après tout, je suis romancière, pas biographe...

          «  Je m’en vais leur refaire Jalna, moi ! me dis-je avec délectation. Une saga à rallonge, comme celle de Mazo de la Roche. »

          Cette charmante illusion s’estompe brutalement lorsque j’apporte  Le Rose et le noir à l’éditrice.

          — Désolée mais je n’en veux pas, me déclare-t-elle, embarrassée. Ma direction refuse un quatrième volume. Une trilogie, d’accord, mais pas une série. Les séries, ça fait vulgaire. C’est de la sous-littérature. Or, Grasset est une maison prestigieuse...

          Bleum ! ni une ni deux, je dégringole de mon petit nuage, et m’en retourne chez moi, salement plombée. Force m’est d’expliquer aux lectrices, via mon site, qu’elles devront renoncer aux aventures de Rose. Ce qui provoque un tel tollé que l’une d’entre elles décide de lancer une pétition. Elle récolte une centaine de signatures d’adolescentes (oui, oui, tant que ça !) et même de quelques mères qui se sont prises au jeu.

          Réaction de l’éditrice :

          — Gudule, tu peux demander à ton fan club de cesser de saturer ma boîte mail ? C’est agaçant, à la fin.

          Et se retrouver avec, sur les bras, deux romans désormais impubliables, ce n’est pas agaçant, peut-être ?

     

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