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FOLLE D'AMOUR
Chapitre 2
Résumé du chapitre précédent : Nora et Charlie, petit couple joyeux et fusionnel ; une chaumière et deux cœurs...
— Je ranges les commissions, dit Nora. Tu files à bouffer au chat ? Je crois qu'il a la dalle.
L'animal, en effet, slalome entre leurs jambes avec obstination.
— Un instant, goinfre ! l'exhorte Charlie en cherchant l'ouvre-boîte parmi les couverts qui sèchent sur l'évier.
Agenouillée devant le frigo, Nora enfourne laitue et tomates dans le panier à légumes.
— Tu as téléphoné à la mairie ?
Il a. On lui a confirmé son engagement pour le 24 juin — c'est-à-dire dans trois semaines — , à la salle des fêtes, en l'honneur de sainte Opportune, patronne de la région.
— Super ! se réjouit Nora. Tu seras prêt ?
Et comment ! Le spectacle est archi-rodé. D'ailleurs, elle le sait, elle assiste aux répétitions.
— Par contre, il faudrait que tu rajoutes quelques jupons à la Germaine, je la trouve un peu maigre.
— OK, boss. Laquelle de mes vieilles fringues vais-je encore dépiauter ?
Ça demande réflexion. Elle réfléchit donc.
— J'ai modifié la scène du piano, poursuit Charlie. Je voudrais bien la mettre au point pour le 24.
Nora approuve, comme d'hab', puis s'éclipse, clip-clop.
Le destin, lui ayant par inadvertance broyé la hanche gauche, l'a pourvue, en compensation, du plus ravissant des visages : ovale parfait, narines ciselées, œil sombre ourlé d'un foisonnement de cils. Et quelque chose de si animal dans l'agencement des traits, de si vigoureusement charnel que certaines expressions frisent l'indécence.
Charlie et elle se connaissent depuis l'enfance. Leurs familles étaient voisines, ils ont fréquenté la même maternelle et se sont toujours sus destinés l'un à l'autre — en dépit de l'accident et de ses conséquences, ou peut-être même grâce à lui. À dix ans, ils s'inventaient en secret des jeux passionnants, rien que pour eux. L'âge adulte n'a en rien modifié leurs rapports. Ils traversent la vie à cloche-pied, bouche à bouche, main dans la main, les yeux au fond des yeux. Avec une avidité réciproque de jumeaux, imbriqués à jamais par le séjour commun dans l'utérus et que toute séparation mutile.
De jumeaux, ai-je dit ? Plutôt de siamois.
Soudés par le cœur.
Ou le bas-ventre — ce qui se vaut.
(A suivre)
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Commentaires
1Benoît BarvinSamedi 9 Février 2013 à 08:28Répondre
T'as pas intérêt à en terminer un sur une virgule, hein !
Sinon, je bois du petit-lait : ces deux petits sont adorables.
Profitons-en, brr.3NadègeVendredi 29 Août 2014 à 13:374guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:37
@ Benoît :Ne chipotons pas, cher frère. Les métaphores, vous savez...5guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:37
@ Castor : Merci pour la traduction. Voui, ces deux petits sont adorables. J'ai mis le paquet, tu penses ! La suite n'en sera que plus délectable. (Je précise quand même que ce n'est pas un roman d'horreur. Plutôt une plongée dans... mais chut ! si j'en dis trop, ça cassera le suspense.)6Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:37
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