-
FOLLE D'AMOUR
Chapitre 37
Résumé des chapitres précédents : c’est toute la vie de couple de Charlie et Nora qui est remise en cause par Boris. Selon lui, un rapport fusionnel est incompatible avec un travail pro.
— La présence de Nora m'est indispensable, revendique Charlie, d’une voix blanche. Elle m'inspire, je teste mes idées sur elle. On a l'habitude de s'appuyer l'un sur l'autre.
À la façon dont Boris serre les mâchoires — et que Nora, en son for intérieur, qualifie avec effarement de « spasmodique », — on devine nettement son agacement.
— Un peu puéril, comme attitude, non ? Il serait peut-être temps de couper le cordon, les p'tits loups. Vous êtes des individus, sacrebleu, des in-di-vi-dus ! Tu as ton destin, Charlie, et Nora le sien. L'entité bicéphale que je vois devant moi, il n'y a rien de plus négatif, de plus stérile. Chacun freine l'autre dans ses aspirations, de peur d'être lésé. Vous tissez autour de vous un cocon de méfiance, d'indisponibilité, d'interdits — dont celui de vous épanouir pleinement n'est pas le moindre. Et vous tournez le dos à l'avenir.
À Nora :
— Si ton mari veut réussir, il doit cesser de te traîner derrière lui. Les femmes sont des sangsues...
Elle s'étouffe, ce dont il ne tient aucun compte.
— Au lit et pour le confort domestique, je veux bien croire que tu es au top niveau, mais par pitié, contente-toi de ça !
Petite toux sèche, incontrôlable, de Nora. La sangsue lui est restée en travers du gosier.
— D'ailleurs, tu as ton boulot, toi aussi, je suppose ?
Elle avale une goulée d'air, bloque sa respiration. Ouf, ça va mieux.
— Accessoiriste ! lance-t-elle, avec un râclement de gorge entre chaque syllabes.
— En-dehors de Charlie ?
— Non. Jamais rien en-dehors de Charlie.
Elle défie l'ennemi, farouche, triomphante. Son appartenance, c'est sa gloire, sa fierté. Ses lettres de noblesse.
Boris n'en croit pas ses oreilles.
— Ça existe encore, des femmes pareilles ? Tu n'as aucun hobby, pas la moindre activité personnelle ? Même pas un job à temps partiel ?
— Si : je jardine, je couds, je fais la vaisselle. Je nourris le chat et le poney. Je...
— Tu n'as pas envie de reprendre des études ? D'avoir quelque chose à toi, un centre d'intérêt autre que ton ménage ?
— Non.
Regard furtif à Charlie (je suis bien, là ? Convaincante ?) puis elle rectifie :
— Enfin... mon centre d'intérêt, ce n'est pas mon ménage, en fait, c'est mon homme. Le ménage, je m'en branle, hein, Charlie !
Boris, atterré :
— Tu lis, au moins ?
— Oui, des polars, des BD...
— Mais faut te secouer, ma grande ! Tu vas pourrir avant l'âge à végéter comme ça ! Tes neurones vont te laisser en rade, et...
(A suivre)
-
Commentaires
2DomlunnnVendredi 29 Août 2014 à 13:363guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:364guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:365Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:36
Ajouter un commentaire
Il confond accessoiriste et accessoire.