• FOLLE D'AMOUR

    Chapitre 53

     Résumé des chapitres précédents : Cauchemars, angoisses, terreurs nocturnes... Malgré les efforts de Charlie, Nora ne serait-elle pas en train de replonger ?

     

             — Où il est, mon journal ? glapit Charlie, mettant la salle sens dessus dessous.

             — Lequel ? s’informe Nora, faussement candide.

             — Le Libé d'hier, avec la photo des Grumeaux.

             — Sais pas... P't'être bien que je m'en suis servie pour les épluchures...

             Il fonce vers la poubelle, la retourne — « C'est dégueu ! » braille Nora — puis, n'ayant rien trouvé, remonte dans ses quartiers. Mais un peu plus tard, en allant au tabac, il s'informe s'il peut le commander à nouveau.

             — Pas la peine, répond le patron, il m'en reste un sous le comptoir, un client l'a oublié, je vous en fais cadeau. 

             Charlie remercie chaleureusement, se félicite des bons rapports qu'il entretient avec les commerçants — pas comme Nora qui leur crache à la gueule sous prétexte que le troquet est un repaire de fachos  — et s'empresse de punaiser l'article dans son grenier.

             D'autres s'y joindront bientôt, l'événement culturel faisant couler beaucoup d'encre. Si bien que le mur du fond, au-dessus de l'établi, va prendre peu à peu des allures de press-book.

     

                                                                                   *

     

             Le Klaxon du facteur trouble le silence matinal.

             — Une lettre pour vous, M. Charlie !

             Sur l'enveloppe, l'écriture de Boris. À l'intérieur, un carton d'invitation, valable pour deux personnes : « Sexe-tête à trois instuments ». Un mot y est griffonné, de Boris également : Si tu change d'avis, ta place est toujours chaude.

             — Du courrier ? crie Nora, plongée dans la confection d'un couscous.

             — Juste un prospectus, répond évasivement Charlie.

             Le press-book accueillera un document de plus. Quelques jours plus tard, Nora, pénétrant dans le grenier par le plus grand des hasard, en l'absence de l'époux retenu aux toilettes, tombera dessus. Manquera de s'évanouir. Et se mettra à croire au Destin.

                                                                                                                                               (A suivre)

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  • Commentaires

    1
    Lundi 1er Avril 2013 à 08:54
    Benoît Barvin
    « Sexe-tête à trois instruments », pas mal du tout... J'aime beaucoup vos agrémentations poétiques, Chère Soeur, qui pondèrent votre sujet, du coup un peu moins "raclé jusqu'à l'os" que ce qu'il pourrait être...
    2
    Lundi 1er Avril 2013 à 11:09
    Benoît Barvin
    Il faut le prendre comme un compliment, évidemment. J'aime beaucoup les textes qui prennent leur temps; qui, l'air de rien, nous amènent, en nous prenant gentiment par la menotte, vers un univers inconnu et que l'on pressent fatalement pervers. C'est le cas de ce dernier... C'est comme si on tournait les pages, jour après jour, en frémissant d'appréhension, car on connaît tous ton habileté à tisser des intrigues où chaque mot porte... Voilà ce que je voulais dire...
    3
    Mardi 2 Avril 2013 à 07:28
    Castor tillon
    Fayot, le patron du tabac.
    4
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:36
    gudule
    Ben comme dirait l'autre, tout a déjà été raconté, hein. Ce qui change, c'est la manière. Ceci dit, j'sais pas trop comment prendre le "raclé jusqu'à l'os"...
    5
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:36
    gudule
    Hou, je suis d'autant plus sensible à ces compliments qu'il viennent d'un écrivain qui "connaît la musique", comme on dit. Merci, m'sieur Benoît ! Et j'espère être à la hauteur de vos espérances !
    6
    Mélanie Picard
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:36
    Mélanie Picard
    Oulala ! Point de grandes phrases... Je suis tenue en haleine, au secours !
    7
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:36
    gudule
    Ouaiiiis ! Ça maaarche !
    8
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:36
    Pata															l
    Le press-book devient limite un compresse book : pansant les blessures de l'ego de Charlie; et blessant du coup les sentiments de Nora.
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