• FOLLE D'AMOUR

    Chapitre 67

     Résumé des chapitres précédents : Sylvain, touché par le désarroi de Nora, offre de l’héberger.

     

             — Si tu veux, on y va tout de suite, propose l'ange. Je travaille dans une heure, on a juste le temps.

             — Tu fais quoi ?

             — Diff de tracts dans les queues de cinéma. (Poursuivant son idée) Tu t'installes, tu prends tes aises et tu ne t'occupes pas de nous, OK ?

            OK.  À la perspective d'avoir un point de chute, Nora exulte. Ce bol qu'elle a ! « T'es née coiffée », disait sa mère.

             Coiffée... Le miroir du bistrot lui renvoie cette toison rétive que le peigne n'a jamais su dompter. Un embrouillamini de boucles sauvages croulant au ras de l'œil. «  Coupe cette frange ! » la sermonnait sa mère. Et à l'hôpital : « Relevez vos cheveux ! » Que non point. Laissez-moi mon rempart, ce filtre capillaire entre moi et le monde.

             Une seule exception : Charlie quand il m'aime. Dans l'excès d'impudeur qu'insufle le désir, il m'arrive, je l'avoue, de lui offrir mon front tel qu'au jour de ma naissance : sans mèches protectrices. Plus nue que nue, en somme. Ouverte à tous les vents. Mais ça, c'est transgressif, et le rideau retombe sitôt l'acte accompli.

             — Allons-y, dit Nora.

             Elle termine son café, abandonne le sandwich et suit l'ange hors du bouge.

             — On squatte un vieil immeuble à Strasbourg-Saint-Denis, explique ce dernier. Il y a plusieurs années que tous les locataires ont été expulsés. En principe, ça doit être démoli. Mais un détail administratif doit bloquer la machine, les travaux sont sans cesse reportés. Lulu et moi, on s'est récupéré un apparte de cinq pièces avec parquets en chêne et plafonds moulurés, un truc d'enfer.

             — Et les flics ne vous font pas chier ?

             — Ils ont plus ou moins essayé, mais pour l'instant, c'est le statu quo. Je suppose que, le moment venu, ils nous videront à coups de lacrimos — ou de bulldozers, carrément. En attendant, on est peinards.

                                                                                                                                        (A suivre)

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Avril 2013 à 10:09
    Benoît Barvin
    "...lui offrir mon front tel qu'au jour de ma naissance : sans mèches protectrices. Plus nue que nue, en somme...". Joli!
    2
    Mardi 16 Avril 2013 à 22:35
    Castor tillon
    Héberger quelqu'un dans un scouatte, c'est comme sortir la dînette à sa fille pour l'inviter à manger.
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    3
    Mardi 16 Avril 2013 à 22:41
    Castor tillon
    Je vois que personne ne moufte, c'est bien. Je vais corriger, alors : "la dînette DE sa fille".
    4
    Mardi 16 Avril 2013 à 22:51
    Castor tillon
    Brr. Moi, je l'ai. Mais je vais la laisser où elle est.
    5
    Mardi 16 Avril 2013 à 23:04
    Castor tillon
    Chais pas, les battements d'ailes pendant un coït, ça me terrifie. Je me crois chez Hitchcock.

    Bon, ça m'est pas arrivé souvent.

    Les battements d'ailes.

    Etre chez Hitchcock non plus, à vrai dire.
    6
    Mardi 16 Avril 2013 à 23:21
    Castor tillon
    Parce que Hitchcoq il me flanque la chair d'Hitchpoule.
    Et c'est rare que je pense à Bruno Ganz quand je coïte, d'abord.
    7
    Mardi 16 Avril 2013 à 23:30
    Castor tillon
    Hoûûû^^ la coquine ! On va tout savoir.
    8
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    Du vécu pur jus, mon cher Benoît !
    9
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    Si, si, je mouftais, mais en fait, je cherchais sur youtube la scène où l'ange entraîne Barbarella dans son nid (mais je l'ai pas trouvée). Je voulais commenter, du genre : tu préfères ce style de squatt ?
    10
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    Pourquoi "brrr" ? Cette scène m'a fait rêver pendant des années. Surtout quand l'ange fait "frouti-frouti" avec ses ailes et qu'il y a du duvet qui vole partout.
    11
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    Pourquoi Hitchcock ? Angélique marquise des anges, c’est pas de lui. Les ailes du désir non plus !
    Ah, oui, c’est à cause des Zoiseaux. Mais ça n’a rien à voir. Les séraphines, c’est plus proche des fées que des corbacks, quand même !
    12
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    Ah, moi si... Nan, j'rigooole ! Quoique...
    13
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    Hé, tu m'avais tendu la perche, hein !
    14
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    Pata															l
    La toison protection de Nora suffira-t-elle contre ce qui l'attend
    15
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
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