• FOLLE D'AMOUR

    Chapitre 80

     Résumé des chapitres précédents : Mon dieu, Yvette fait la manche en chantant du Sheila !

     

             Moues consternées, dans le public. Protestations. Deux trois réflexions ironiques :

             — Encore un coup des contestataires de la RATP !

             — Ils ne savent plus quoi inventer pour faire pression sur les usagers.

             — Ce sévice-ci est particulièrement ignoble !

             Imperturbable, la crécelle poursuit sa mélopée. Sadisme caractérisé ou radieuse innocence ?

     

             L'école est finie !

             L'école est finiiiie !

     

             « Je ne connais pas cette bonne femme, rumine Nora, au comble de la honte. Vais-je me carapater au prochain arrêt, ou rester ici et mourir de confusion ? »

              Elle reste, mais fixe obstinément la vitre. Pas là. Pas concernée. Ailleurs, très très loin.

             Comme tout a un fin, même les pires catastrophes, celle-ci s'arrête avec le dernier couplet. Yvette, la main tendue, s'insinue parmi les voyageurs en psalmodiant ingénument :

             — Pour la chanson, m'sieurs-dames.

             Il se trouve quand même deux gogos — une Algérienne avec un sac Tati et un jeune Black que son walkman a préservé de l'outrage — pour lui filer la pièce. Satisfaite, elle fait signe à Nora : on descend.

             — Pas mal, hein, mon récital,  jubile-t-elle, une fois sur le quai.

             — Pfiou ! (dés)approuve Nora.

             — Je connais tout le répertoire de Sheila par cœur.

             — Épatant.

             — Viens, je t'offre un godet.

             — C'est gentil.

             Bras-dessus bras-dessous, elles remontent à l'air libre et foncent vers une brasserie.

             — Tiens, salut, pépète !  lance le patron en les voyant entrer. T'as une  nouvelle copine ?

             — Pas une copine, une relation, rectifie dignement Yvette.

                                                                                                                     (A suivre)

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 28 Avril 2013 à 09:07
    Benoît Barvin
    Bien décrit ce sentiment de gêne que l'on ressent quand on se retrouve avec quelqu'un d'un peu excentrique - ou sans gêne - avec lequel on ne veut absolument pas être assimilé... Quant à la dernière réplique, elle laisse deviner bien des choses sur la vie intime de la vieille dame...
    2
    Dimanche 28 Avril 2013 à 17:01
    La Zèbre
    Tiens, je l'avait pas vue, cette allusion. Ah, Gudule, tu n'as donc pas honte ? Mais dis moi ton secret ! Je veux être comme toi plus tard !
    3
    Lundi 29 Avril 2013 à 09:04
    Tororo
    Ce dont il faudra que je me souvienne, c'est de l'utilité de "Pfiou!", quand on me demandera un commentaire sur la prestation d'un chanteur.
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    4
    Mercredi 1er Mai 2013 à 00:00
    Castor tillon
    C'est normal qu'elles foncent vers une brassière, elles vont bras-dessus bras-dessous.
    5
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    ooooOOOh, la Zèbre, comme c'est gentil !
    Mais tu sais, cette "allusion", c'est notre ami Benoît qui en parle - et je lui laisse l'entière responsabilité de son interprétation ! La suite de l'histoire, seule, nous dira s'il a vu juste ou non...
    6
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    gudule
    Avec "brasserie", ça marche aussi !
    7
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:35
    Pata															l
    Hé, hé, tu lui redonné son surnom de "pépette" à ta vieille dame à couettes ! T'as bien raison !
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