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FOLLE D'AMOUR
chapitre 92
Résumé des chapitres précédents : L’affiche des Grumeaux s’étale sur tous les murs de Paris. Encore un coup dur pour Nora ! D’autant que « son sien » n’est pas avec les autres... Elle se console en pensant qu’il s’y trouvera bientôt. Grâce à qui ? Grâce à elle. Vive elle, finalement !
Vingt heures. Nora lit dans sa chambre. Un polar chiant, c'est quand même moins chiant que pas de polar du tout. Tout est silencieux. Les échos du boulevard, filtrés par les rideaux tirés, ne sont qu'une rumeur d'ambiance, lointaine et familière. Un ressac qui emplit l'atmosphère sans en modifier la substance.
Où sont Sylvain et Lulu ? Chez eux, sans doute, terrés dans leur sanctuaire. Nora ne les a croisés ni au p'tit déj, ni au repas de soir. Circulation fluide dans le corridor, aucun risque de collision. Tant mieux.
Soudain, on sonne.
« Quésaco ? » se demande Nora en posant son œil sur le trou de la serrure.
Un gros. Chauve, la cinquantaine, genre chef d'entreprise — « mon beauf dans vingt ans, je compatis, ô Anne » —, avec un bouquet de roses noires.
L'ange, qui a ouvert, parlemente un instant. On dirait qu'ils marchandent. Ah, ils tombent d'accord. Le type sort son lardfeuille, y pêche quelques billets. Sylvain empoche puis le guide jusqu'à sa piaule et s'efface pour le laisser passer. Après quoi, ayant soigneusement refermé la porte, il se dirige vers la cuisine.
« Qui c'est, ce type ? réfléchit Nora. Le médecin ? Lulu aurait-elle fait une rechute, par hasard ? (Oh, la vanne à deux balles cinquante ! Les mots vous jouent de ces tours, parfois...) Rectification : Lulu aurait-elle des problèmes de santé ? Ça expliquerait qu'elle ne quitte plus la chambre. »
Mais un médecin paie rarement ses patients et, de plus, porte une valise avec son stéthoscope, son tensiomètre et tout le bazar — ce qui n'est pas le cas ici.
(À ces déductions d'une grande pertinence, on reconnait tout de suite l'amateuse de polars. Or, de déduction en déduction, il peut arriver qu'un souçon vous assaille. Un hideux soupçon.)
« Euh... C'est peut-être, je ne sais, moi... un créancier ? se défend Nora. Ou le patron de Sylvain, celui pour lequel il distribue des tracts, qui est venu lui apporter son salaire. Il en a profité pour visiter l'infirme, ce sont des choses qui se font... »
À huis-clos ?
Pourquoi pas ? Certaines personnes préfèrent le tête-à-tête. Si j'allais me préparer du café ? J'ai comme une petite soif.
(A suivre)
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Commentaires
1Benoît BarvinVendredi 10 Mai 2013 à 07:59Répondre6guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:357guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:358guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:359Pata lVendredi 29 Août 2014 à 13:35
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