• FOLLE D'AMOUR

    Chapitre 122


    Résumé des chapitres précédents : Eh bien voilà, c’est arrivé. Nora a baisé avec Bobo, en se bouchant le nez et en pensant de toutes ses forces à Charlie. Elle avait tellement froid, fallait qu’elle se réchauffe... Au petit jour, elle lui a glissé un billet dans la main et est partie dare-dare. Retrouver sa solitude et les rues de Paris. 

        La campagne d'affichage des Grumeaux est une franche réussite : on ne voit qu'eux, partout. À chaque coin de rues, aux devantures des magasins, sur les palissades, le trio infernal s'aligne, rigolard et terrible, sous le label Cirque d'hiver. Le matraquage est tel qu'à vingt heures pile, après une nouvelle journée d'errance, Nora, guidée par une volonté qu'elle ne reconnaît pas pour sienne, se retrouve à Filles-du-Calvaire. Le labyrinthe de la petite souris aboutit sans férir au morceau de fromage, mais la p'tite souris n'en sait rien. Ou, du moins, n'en est pas consciente. Et quand elle le trouve, elle n'en revient pas.
        Nora non plus.
        « Je suis arrivée là sans m'en rendre compte, se dit-elle. Mes jambes ne m'ont pas demandé mon avis. Je soupçonne mon corps d'indépendantisme, depuis quelques temps. Du dédoublement, ça s'appelle. Ou de la schizophrénie, suivant l'angle où on se place. Stevenson et Freud divergeaient sur ce point, et je n'ai jamais su auquel je m'inféodais. Bah, est-ce si important ? Comme disait ma mère : «  Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ». Il y a vingt-quatre heures que je n'ai pas pris de médocs. »
        Elle se dit encore :
        « Si j'entre dans cette salle, je verrai Charlie. J'ignore ce qu'il fricote avec ses trois compères, s'ils l'ont déjà inclus dans leur spectacle, mais je sais qu'il est là. À un moment ou l'autre, forcément, je vais l'apercevoir. Lui n'en s'en doutera même pas : je serai noyée dans la foule. Quelle belle invention que l'anonymat. »
        Elle se dit aussi :
        « Comptons nos sous. Dix euros moins un euro trente-quatre pour le sandwich du déjeûner égale huit virgule soixante-six. Est-ce assez pour payer ma place ? »
        Elle s'approche du guichet, se renseigne. C'est vingt euros l'entrée. Enfer et damnation, que n'a-t-elle jeûné ! Ce midi et la nuit dernière.
        — Même sur les strapontins ? insiste-t-elle. Même debout ?
        Même.
        — Je suis une amie de Charlie, un des Grumeaux. Vous ne pourriez pas me faire une faveur ?
        — Avez-vous une invitation ?
        Force est à Nora d'avouer que non.
        — Je peux appeler votre copain, si vous voulez, propose la caissière. Il décidera, lui-même. 
        Nora reste bouche bée. Charlie va venir, me voir, me prendre dans ses bras, me gronder sûrement. Il surgira par cette porte, se ruera sur moi, me dira mon amour, ma chérie, où étais-tu, tu m'as manqué. Puis il m'embrassera.
        — J'appelle ? insiste la caissière, la main sur l'interphone.
        — D'accord, répond Nora d'une voix blanche.


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  • Commentaires

    1
    Samedi 29 Juin 2013 à 14:50
    Castor tillon
    20 € L'ENTRÉE ? Je vais attendre que ça passe sur Youtube.
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    2
    Samedi 29 Juin 2013 à 16:34
    Benoît Barvin
    Stevenson et Freud? Mazette... Voilà que la Nora elle se la pète...
    3
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:34
    gudule
    Oui, mais l'ambiance, hein ? L'AMBIANCE ?!
    4
    gudule
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:34
    gudule
    Pfff, c'est juste Gudule qui se la pète en étalant indécemment ses bribes de culture ! (voui, je sais, c'est comme la confiture etc).
    5
    Pata l
    Vendredi 29 Août 2014 à 13:34
    Pata															l
    Ouh, que voilà un suspense terrible !!! C'est dans ces moments là que j'apprécie d'arriver à la bourre car j'ai ainsi la possibilité de ne pas attendre pour lire la suite !
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